vendredi 28 novembre 2008

Quand Jean-Pierre veut s'appeler Mohamed

Voulant épargner à leurs enfants la discrimination, beaucoup de parents immigrés ont donné à leurs enfants des prénoms très français. Difficile ensuite de revenir en arrière.

Ils sont nés en France et s'appellent Louis, Laurent ou Marie, mais ils veulent changer de prénom pour devenir Abdel, Saïd ou Rachida. Les demandes de changement de prénom de la part d'enfants d'immigrés se multiplient devant les tribunaux français, ce qui est source d'inquiétude pour ce pays très attaché à l'intégration, c'est-à-dire à la fusion de toutes les identités au sein d'une unique culture nationale. Forts d'une nouvelle assurance, les enfants de familles venues d'Algérie, de Tunisie et du Maroc remettent en cause une vieille tradition qui voulait que les immigrés des anciennes colonies donnent à leur progéniture des noms français. Incités dans cette démarche par un sentiment personnel de déphasage avec leurs noms chrétiens, ces demandeurs se heurtent à la réticence des juges, qui n'ont guère envie d'appuyer ce que beaucoup d'entre eux considèrent comme un rejet de la France.

D'après un article de Courier International

En vertu d'une législation stricte, le changement officiel de prénom nécessite en France l'approbation d'un tribunal. Jusqu'en 1992, les parents étaient contraints de choisir le prénom de leur enfant dans une liste officielle. "Mon apparence est en contradiction avec mon prénom", explique Jacques, 25 ans, qui souhaite adopter un nom originaire du pays de ses parents, l'Algérie. Il rejette l'idée communément répandue selon laquelle un prénom français pourrait vaincre les réticences persistantes des employeurs à recruter des minorités non blanches. "Il y a juste un effet retard entre l'envoi de ma candidature et ma présentation à l'entretien. Ils hésitent, comme si la personne qu'ils avaient convoquée ne pouvait pas être moi", raconte le jeune homme.

Il est irréfutable que, malgré la loi, les employeurs continuent de discriminer les chercheurs d'emploi portant des noms étrangers. Nadine, la quarantaine, n'est pas parvenue à convaincre un tribunal parisien de l'autoriser à reprendre le prénom qu'elle portait avant sa naturalisation, Zoubida. "Je ressens le besoin de retrouver mes racines", a-t-elle pourtant expliqué à la juge Anne-Marie Lemarinier, citée par Le Monde dans un article d'avril 2007. "Je vis ce changement de prénom comme une culpabilité par rapport à ma famille." Mais la juge a rétorqué : "Madame, je peux concevoir votre démarche identitaire, mais le droit ne peut pas s'adapter en permanence à des états d'âme."

Selon Frédéric Grilli, un avocat de Melun qui représente certains de ces demandeurs, il existe un lien entre ce désir de revendiquer une identité maghrébine et l'interdiction du port du voile à l'école publique, proclamée il y a trois ans. C'est la politique d'intégration française qui est en cause, estime Dominique Sopo, le président de SOS Racisme : "Elle rejette, stigmatise et enferme dans un ghetto. Et ça encourage le retranchement dans une identité communautaire, déplore-t-il. Il y a un fossé gigantesque entre la réalité et les discours politiques sur l'intégration. Mais qui peut croire que changer de prénom y changera quelque chose ? C'est triste d'en arriver là."

Pour le BTP, l'immigration n'est pas un problème mais une solution

Pourquoi cette omerta des grands patrons du BTP sur l'immigration alors que ce secteur est celui qui compte la plus grande proportion d'étrangers, en situation régulière ou non? Nicolas Jounin, enseignant de sociologie à l'université Paris VIII répond à cette question dans la dernière livraison de la revue Agone consacré à l'immigration, ou plus précisément à "L'invention de l'immigration". Dans le cadre d'une enquête sur les travailleurs du bâtiment de la région parisienne, ce chercheur s'était fait embaucher comme intérimaire sur des chantiers de construction. Un livre en est sorti: Chantier interdit au public (La Découverte, 2008). Pour Libération, Nicolas Jounin explique comment il en est arrivé à la conclusion que, pour les entreprises du bâtiment à la recherche de main d'œuvre bon marché, l'immigration n'est pas un problème mais une solution.

Interview :

Selon vous, le BTP a un double discours sur l'immigration. D'un côté, ce secteur emploie un pourcentage élevé d'immigrés, mais les patrons refusent de reconnaître que cette main d'œuvre leur est utile car bon marché et continuent de prétendre vouloir attirer des Français ?

Le discours de la Fédération française du bâtiment (FFB) esquive effectivement la question de l'immigration. Son ancien président déclarait ainsi en 2002 : "Avant qu'on parle d'immigration, j'aimerais bien qu'on remette au travail ces Français qui sont actuellement accrochés au système des indemnités de chômage." C'est curieux, alors que le BTP reste le secteur qui a le plus recours à des travailleurs immigrés. Le cas particulier des sans-papiers est éclairant ; lorsque, récemment, nombre d'entre eux se sont mis en grève dans plusieurs secteurs de l'économie, et alors que le patronat de l'hôtellerie-restauration s'est prononcé à un moment pour une régularisation massive, la FFB est toujours restée silencieuse.

Quant aux grandes entreprises (Bouygues, Vinci, Eiffage...), lorsqu'elles ont été interpellées par des sans-papiers, elles se sont souvent défendues en disant qu'elles n'employaient pas de sans-papiers. De fait, elles les font employer par des sous-traitants ou des agences d'intérim, ce qui permet d'externaliser l'illégalité et de diluer leur responsabilité.

Depuis une quarantaine d'années, les patrons du BTP se plaignent d'une pénurie de main d'œuvre, pourquoi mettez-vous en doute cette affirmation ?

Justement parce qu'elle est ancienne. Un tel problème, diagnostiqué depuis si longtemps, devrait avoir trouvé sa solution. D'autant que pour des partisans d'une économie de marché, comme le sont bien souvent les patrons et leurs représentants, la solution est toute trouvée : si l'offre (de travail) est inférieure à la demande (des entreprises), il suffit d'augmenter le prix (le salaire), ou bien encore d'améliorer les conditions de travail. Or, dès lors qu'on pousse les responsables de la gestion du personnel sur ce terrain, ils disent qu'ils ne peuvent accorder plus que ce qu'ils offrent. S'ils peuvent se permettre de ne pas accorder plus, c'est parce qu'en réalité, comme disait l'un d'entre eux, "on trouvera toujours les bras pour faire le travail." Bien souvent, la pénurie de main-d'œuvre est l'argument pour sous-traiter ou recourir à l'intérim : puisque l'entreprise ne trouve pas de personnel, se justifie-t-elle, elle doit passer par des employeurs intermédiaires. Mais le raisonnement est faible : pourquoi ces intermédiaires trouvent-ils cette main-d'œuvre qui ferait défaut à leurs donneurs d'ordre, alors même que les conditions qu'ils proposent sont généralement moins bonnes ?

Les contrôles de police accrus sur les chantiers peuvent-ils faire changer cette situation? Et dans quel sens ?

Il est encore tôt pour le dire. Mais il est certain que pour un sans-papiers, il est aujourd'hui plus difficile et plus risqué qu'au début des années 2000 de travailler dans le bâtiment. Du point de vue des entreprises, on peut imaginer des conséquences contradictoires : d'un côté, une plus grande difficulté à trouver des ouvriers pour les postes les plus pénibles et dévalorisés habituellement dévolus aux sans-papiers ; mais de l'autre, une main-d'œuvre irrégulière qui, quand elle trouve à s'employer, est encore plus vulnérable et donc susceptible de se montrer docile. Il semble en tout cas que ces contrôles, avec d'autres facteurs, amènent les entreprises à chercher d'autres sources de main-d'œuvre : la prestation de services internationale (1) - qui n'avait pas besoin de la directive Bolkestein pour se développer très vite -, qui fournit elle aussi une main-d'œuvre bon marché et captive.

D'après le site Hexagone

mercredi 26 novembre 2008

Un chanteur burkinabé


Zédess


J’ai connu ce chanteur par un ami burkinabé récemment. Les paroles sont intéressantes et drôles. Dans cette chanson il parle du président Nicolas Sarkozy. J’attends d’avoir votre opinion sur cette chanson .Vous pouvez bientôt visualiser la vidéo.




vendredi 21 novembre 2008

Les pièges de l'obamania à la française

Barack Obama aurait-il pu être élu en France ? Depuis que l'ascension du sénateur de l'Illinois s'est terminée en apothéose électorale, la question agite la France monocolore. Pour de bonnes raisons d'abord, puisque l'irrésistible ascension, outre-Atlantique, d'un métis, fils d'immigré, souligne par contraste l'homogénéité stérilisante des milieux politiques français et l'urgence à leur donner les couleurs de la société. Mais la vague d'obamania qui a déferlé sur l'exécutif français masque d'abord l'extrême confusion du débat dans la République. Comme si le vacarme était orchestré pour faire oublier les turpitudes hexagonales, au prix de lourds contresens sur l'accession du "premier Noir à la Maison Blanche".

Lorsque Christine Lagarde assure que l'élection de M. Obama, "quelque part, ça s'est un peu produit" en France avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy, en présentant ce dernier comme "le représentant d'une minorité", la ministre de l'économie ne participe pas seulement à une grossière opération de récupération politique. Elle reflète le double mensonge auquel feignent de croire certains responsables politiques français : M. Obama a été élu parce qu'il est Noir ; la France est sur le bon chemin de la "diversité" dont M. Sarkozy est l'emblème. Ce qui a dû faire rire jaune les enfants d'ouvriers maliens notamment.

Carla Bruni-Sarkozy, dans sa fougue à soutenir - sans le signer - l'"appel pour l'égalité réelle des chances" du chef d'entreprise Yazid Sabeg, a renchéri en affirmant que "les Français ont voté pour un fils d'immigré hongrois, dont le père a un accent, dont la maman est d'origine juive (...)", revendiquant sa propre qualité d'"artiste, née italienne". Ces assertions, outre qu'elles recourent à la manipulation très peu républicaine de la notion de "minorité" et à l'étalage soudain d'une "origine", se réfèrent à une réalité américaine dépassée. Les Américains ont choisi le candidat le plus talentueux et le plus crédible en dépit, et non à cause, de la couleur de sa peau.

Le parallèle avec la France est fragile. La "question noire" aux Etats-Unis, pays où chaque citoyen a des origines étrangères, sauf les Indiens, prend racine dans une tragédie consubstantielle à la nation, l'esclavage. La France, elle, nation unitaire séculaire, peine à intégrer les fils et filles de ceux qu'elle a longtemps considérés dans ses colonies comme des indigènes. Sans compter que l'histoire familiale de M. Obama ne se réfère ni à la traite des Noirs ni au colonialisme, mais à l'immigration africaine moderne. Il apparaît d'ailleurs pour le moins paradoxal que la France rouvre le débat sur l'accès aux responsabilités des personnes issues de l'immigration au moment même où le nouveau président américain privilégie les facteurs sociaux sur les variables raciales dans son analyse des fractures de la société américaine.

Tout se passe en réalité comme si notre pays s'emparait rituellement de cette question sur des bases erronées, pour mieux conforter le statu quo. Car question il y a : qu'à qualification égale, un descendant de Maghrébin coure 2,5 fois plus de risques d'être chômeur qu'un enfant de Français ; que la couleur de la peau rende improbable la possibilité de trouver un logement ; et qu'un seul député de France métropolitaine ne soit pas Blanc, montrent à quel point la République a failli à tenir sa promesse d'"égalité".

DES RÉFORMES CONTRE LA "DIVERSITÉ"
Les émeutes récurrentes qui agitent les quartiers populaires, perpétuellement analysées, de la gauche à la droite, comme symboles de l'"échec de l'intégration" (sous-entendue raciale) alors qu'elles expriment d'abord la rage d'être socialement exclu, n'ont jamais débouché sur un plan cohérent et de longue haleine de promotion scolaire et professionnelle. Des ambitions plus coûteuses que l'invitation de quelques "bronzés" sur des plateaux de télévision ou la nomination au gouvernement de quelques "Arabes qui cachent la forêt", selon l'expression de l'écrivain Azouz Begag qui a siégé au gouvernement de Villepin. Sept ans après son lancement, la main tendue par Sciences Po Paris aux élèves des banlieues (54 diplômés) demeure la suprême référence.

A l'inverse, plusieurs réformes engagées pèsent contre la "diversité" prétendument célébrée : la diminution des exigences légales en matière de mixité sociale dans l'habitat, la suppression de la carte scolaire, le refus de généraliser par la loi à toutes les formations supérieures sélectives le quota de 10 % d'étudiants venant de tous les lycées du pays, outremer compris, et l'asphyxie de la rénovation urbaine. Au surplus, le climat de suspicion à l'égard des étrangers et en particulier des "couples mixtes" qui prévaut en France rendrait aléatoire le mariage des parents d'un futur Obama français.

Pour promouvoir autrement que symboliquement les descendants d'immigrés, M. Sarkozy a pourtant les mains libres. La gauche au pouvoir s'est caractérisée par une troublante pusillanimité, là où la droite a commencé à passer à l'acte. Mais le candidat Sarkozy, après avoir agité la perspective de "statistiques ethniques", a fait le silence depuis que ces projets ont été censurés par le Conseil constitutionnel. Quant au comité présidé par Simone Veil chargé de réfléchir à l'introduction de la " diversité" dans le préambule de la Constitution, il vient d'être opportunément réactivé. Plutôt que de s'engager dans l'action concrète, la France continue de privilégier les vaines proclamations et les débats théologiques. A l'idée de "discrimination positive" plombée par sa formulation paradoxale elle-même pourrait pourtant se substituer des mesures volontaristes de portée générale dans des quartiers socialement ciblés.
Quant à la controverse sur les "statistiques ethniques", sans issue dans une France traumatisée par son histoire, elle pourrait être dépassée en lançant immédiatement les réformes et les enquêtes nécessaires à la connaissance et à la lutte contre les discriminations que permet la Constitution : introduction dans le recensement de la question du lieu de naissance des parents, et autorisation de questionnaires sur la couleur de la peau ou les origines, limitée à des études ciblées et anonymes.

L'obamania aurait alors secoué utilement la France. L'on s'apercevrait probablement qu'à l'heure où un métis accède au bureau Ovale et où les Verts allemands choisissent un fils de Turc pour leader, la "diversité" en France irrigue et enrichit déjà les ateliers, les commerces, les salles de professeurs et les prétoires. A peu près tous les milieux, à l'exception notable de la haute hiérarchie des partis politiques.

D'après l'article du monde

vendredi 7 novembre 2008

Immigration: Dakar profite de la victoire d'Obama pour critiquer la France





Le président sénégalais Abdoulaye Wade, dont le pays a une très ancienne tradition d'émigration, a profité de l'élection historique de Barak Obama aux Etats-Unis pour critiquer la France, accusée de vouloir "fermer la porte de l'Europe et de la France aux Noirs".


Le chef de l'Etat s'en est une nouvelle fois pris au Pacte européen pour l'immigration et l'asile, formellement adopté le 16 octobre, et qui durcit la politique migratoire de l'Europe en pleine crise financière mondiale et avant une éventuelle récession économique.


"Au moment où les Etats-Unis réussissent (l') exploit" d'élire pour la première fois un Noir à la présidence, "la France en est encore à fermer la porte de l'Europe et de la France aux Noirs", a-t-il indiqué mercredi soir, selon des propos rapportés jeudi par les médias sénégalais.


"En réalité, c'est cela, les accords de l'immigration qui s'étendent maintenant à l'Europe", a-t-il expliqué devant plusieurs responsables, dont le Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré.
"On a fait ça pour qui ? On a fait ça pour fermer la porte aux Noirs, sauf aux cadres, aux ingénieurs, aux médecins, les gens dont ils ont besoin et là le racisme disparaît. Je pense qu'ils ont tort, les Français devraient réfléchir", a lancé le président sénégalais, âgé de 84 ans et marié à une Française.


L'adoption de ce pacte sur l'immigration était une priorité pour la présidence française de l'UE.
"Leur système (d'immigration choisie), ils l'ont amené au niveau de l'Europe. Ousmane Ngom (ancien ministre sénégalais de l'Intérieur) en sait quelque chose", a poursuivi le chef de l'Etat.
En septembre 2006, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et partisan d'une ligne dure sur l'immigration, avait signé à Dakar avec M. Ngom un accord qualifié d'"historique" avec le Sénégal sur "la gestion concertée des flux migratoires".


Pour le Sénégal, pays pauvre de 11 millions d'habitants, l'émigration dans les pays occidentaux constitue souvent un "investissement" pour l'entourage du migrant, qui l'aide à financer son voyage en espérant obtenir en retour des transferts d'argent.
"Ils (les Français) se défendent en disant +non, non, non, ce sont les Européens+. En fait, c'est le gouvernement de Monsieur Sarkozy qui a cette conception de l'immigration", a assuré le président sénégalais.


"Moi Sarkozy, je le considère comme un ami. Mais il faut dire la vérité aussi. Lui, c'est un homme de vérité. Ne cachons pas la vérité, il veut transposer ce système au niveau de l'Europe. C'est eux qui l'ont proposé, les Européens les ont suivis", a-t-il ajouté.
"Encore que certains Européens nous avaient saisis en disant: +attaquez, parlez de cette question là+ et nous on vous suivra plutôt que de suivre ce projet sur l'immigration", a-t-il confié, sans donner plus de précision.


Les autorités espagnoles avaient imposé de laborieuses négociations à la présidence française, faisant modifier ou supprimer plusieurs points du pacte qu'ils contestaient.
Mercredi, le président sénégalais avait souhaité que la victoire de M. Obama "amène un changement en France", où les Noirs ne sont pas suffisamment présents, selon lui, dans les cercles dirigeants, notamment dans le milieu économique.


"En France, les Noirs n'arrivent pas à percer sur le plan économique. On ne voit pas de Noirs au sommet de sociétés et de l'administration, sinon quelques Antillais dans les bureaux de poste ou à la douane", avait-il assuré lors d'un entretien à trois journalistes, dont l'AFP.


"La France n'est pas raciste, la France profonde n'est pas raciste, du tout, du tout, mais il y a un racisme quelque part", avait-il conclu.

mercredi 5 novembre 2008

Victoire écrasante de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis



Le démocrate Barack Obama a remporté mardi une victoire historique et écrasante sur son adversaire républicain John McCain, devenant, à seulement 47 ans, le premier Noir élu président des Etats-Unis.Evénement


"Il a fallu longtemps. Mais ce soir, grâce à ce que nous avons fait aujourd'hui et pendant cette élection, en ce moment historique, le changement est arrivé en Amérique", a affirmé M. Obama, à l'occasion de son premier discours de président élu, devant une foule oscillant entre joie et émotion, dans l'immense jardin public Grant Park, cerné de gratte-ciels illuminés au bord du lac Michigan à Chicago.


"Si jamais quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de notre démocratie, ce soir est la réponse", a-t-il fait valoir.


"C'est votre victoire", a-t-il assuré à ses partisans. Il a salué son adversaire républicain John McCain qui "a enduré des sacrifices pour l'Amérique que la plupart d'entre nous ne peuvent même pas commencer à imaginer". "Je le félicite" pour sa campagne, a-t-il dit. M. Obama a également rendu hommage à sa femme Michelle et à ses deux filles, Malia et Sasha, 10 et 7 ans, qui l'accompagnaient à la tribune. Après son discours il a été rejoint par son colistier Joe Biden et sa famille.


Dès l'annonce de la victoire d'Obama, des scènes de liesse ont éclaté dans plusieurs villes américaines. Les quelque 240.000 personnes rassemblées à Grant Park ont laissé éclater leur joie et leur émotion, brandissant des drapeaux américains et des pancartes frappées du slogan "Yes we can" (oui nous le pouvons), du sénateur de l'Illinois.


Le président George W. Bush a appelé celui qui doit lui succéder le 20 janvier pour le féliciter de sa victoire à l'issue d'une "superbe" soirée électorale, a indiqué la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. Des milliers de personnes se sont massées devant les grilles de la présidence, en scandant "Obama, Obama".


L'adversaire républicain de M. Obama, John McCain, a reconnu sa défaite, indiquant à ses partisans, rassemblés à Phoenix (Arizona, sud-ouest) qu'il avait félicité M. Obama. Des sifflets ont accueilli ces paroles. "Cet échec est le mien, pas le vôtre. J'aurais souhaité que le résultat soit différent", a dit le sénateur de l'Arizona, accompagné de sa femme Cindy et de sa colistière Sarah Palin. "C'est une élection historique", a-t-il poursuivi. "Je reconnais la signification particulière qu'elle a pour les Noirs américains, la fierté qui doit être la leur ce soir".


Le président élu va hériter d'une situation économique extrêmement difficile. Les Etats-Unis, et le monde dans leur sillage, traversent la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Le pays est engagé dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan.


M. Obama a promis de baisser les impôts pour 95% des salariés, d'engager une politique de grands travaux et de garantir une couverture santé pour tous. Sur le plan international, il a promis de retirer les soldats américains d'Irak "de façon responsable" dans un délai de 16 mois et de concentrer les efforts à la lutte contre Al-Qaïda et les talibans. Sa tâche pourrait être cependant facilitée par un Congrès qui demeure à majorité démocrate.


Les Américains étaient aussi appelés à renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants et, selon des résultats partiels, les démocrates avaient ravi cinq sièges aux républicains au Sénat américain, ce qui leur permettrait d'avoir 56 sièges sur 100. Les démocrates ont également conforté leur majorité à la Chambre des représentants.


Les Américains se sont massivement mobilisés pour choisir le successeur de l'impopulaire George W. Bush. Le taux de participation a atteint le chiffre record de 66%, du jamais vu depuis 1908.


Aussitôt après l'annonce de la victoire de M. Obama, les marchés d'Asie-Pacifique s'affichaient en forte hausse, portés par un sentiment d'optimisme. L'élection de M. Obama a été saluée à travers le monde, dans des messages où revenaient souvent les termes de "changement" et d'"espoir", les mots clés de la campagne du candidat démocrate.


Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que la "victoire brillante" de M. Obama soulevait "un immense espoir", adressant dans une lettre au président élu américain ses "félicitations les plus chaleureuses".


Le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a réagi avec réserve. "Nous respectons le choix des Américains", a-t-il déclaré à l'AFP. "Nous ne pensons pas qu'il y aura un brusque changement politique, et il n'y aura pas un désengagement rapide américain d'Irak, car une affaire importante se joue ici", a-t-il dit.


En Afghanistan, le président Hamid Karzai a estimé que l'élection de M. Obama avait "fait entrer le peuple américain, et avec lui le reste du monde, dans une ère nouvelle".


Au Kenya, pays dont le père du président élu américain était originaire, le président Mwai Kibaki a décrété jeudi journée fériée "afin de permettre aux Kényans de célébrer l'exploit historique" de Barack Obama.

D'après un article Ladêpeche

samedi 1 novembre 2008

France : Des conditions sectorielles et ethniques à l’embauche des étrangers

La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), a dénoncé le 30 octobre à Paris la circulaire du 20 décembre 2007 du ministère français de l'immigration conditionnant l’embauche des ressortissants étrangers aux conditions du marché du secteur concerné et au pays d’origine du demandeur. La HALDE estime que cette circulaire ouvre «la voie à la sélection des travailleurs sur des bases ethniques» et demande au ministère de tutelle d’apporter des précisions sur les modalités d’application de cette circulaire pour prévenir les abus.

Une circulaire du ministère français de l'immigration datée du 20 décembre 2007 réglementant l’embauche des travailleurs étrangers est au centre d’une vive polémique lancée par les associations et les autorités de lutte contre la discrimination. La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) a dénoncé le 30 octobre dernier les termes de cette circulaire qui établit des listes de métiers connaissant des difficultés de recrutement et «semble mettre en pratique une gestion de l'embauche (...) contraire au principe de non-discrimination».Le texte décrit les métiers considérés qui connaissent des difficultés particulières de recrutement en France. A cet effet, la HALDE s’inquiète que «des modalités de sélection variables en fonction des pays d'origine des émigrants» puissent ouvrir «la voie à la sélection des travailleurs sur des bases ethniques, et non uniquement sur les compétences professionnelles». Toute entreprise française qui compte embaucher un ressortissant étranger doit au préalable demander une autorisation de travail qui n’est accordée qu'au regard d'un certain nombre de critères, parmi lesquels le taux de chômage pour la profession et la zone géographique concernées. Si le taux de chômage est trop élevé dans le secteur ou la région concernée, la demande est refusée pour favoriser les travailleurs déjà présents sur le marché du travail en France. En revanche, des difficultés de recrutement dans ce secteur ou cette région permettront des dispositions assouplies pour l'embauche de ressortissants étrangers. Le ministère de l'immigration a établit des listes précises de ces métiers «en tension» connaissant des difficultés de recrutement et arrive à la conclusion que 150 sont accessibles aux pays membres de l'UE soumis à une période de transition (c'est-à-dire la Roumanie et la Bulgarie), sans que la situation de l'emploi leur soit opposable. Une trentaine d'autres sont ouverts aux ressortissants hors UE, dont six le sont partout en France, et vingt-quatre autres en fonction de l'état du marché du travail au niveau régional, ces dispositions s'appliquant à tous les étrangers, exception faite des Tunisiens et des Algériens. La HALDE avait été saisie par le Comité inter-mouvements auprès des évacués (CIMADE, ou service œcuménique d’entraide), qui dénonçait les effets pervers de cette division en une double liste de métiers.«La liste des 30 métiers ne comportant que des emplois qualifiés, elle empêche la régularisation des ressortissants des pays tiers qui travaillent dans des secteurs tels que le bâtiment, le nettoyage ou la restauration et incite les employeurs à procéder à leur licenciement pour recruter à leur place des ressortissants communautaires», dénonce la CIMADE. Elle ajoute notamment que «les accords bilatéraux de gestion concertée des flux migratoires actuellement négociés entre la France et des pays du Sud ajoutent des inégalités supplémentaires puisqu'ils prévoient des listes de métiers différentes pour chaque pays, soit 16 métiers pour le Bénin, 9 pour le Gabon, 15 pour le Congo-Brazzaville et 108 pour le Sénégal». La HALDE a estimé qu’au regard de ces listes différenciées, la circulaire du ministère de l'Immigration «semble mettre en pratique une gestion de l'embauche nécessairement contraire au respect du principe de non-discrimination dès lors qu'elle aurait pour effet de ne pas examiner les candidatures existantes sur le marché de l'emploi et notamment celles émanant de ressortissants de pays tiers». Elle ajoute que la procédure de recrutement en France «est soumise aux dispositions du Code du travail et du Code pénal. (…) et que l'article L.1132-1 du Code du travail interdit d'écarter d'une procédure de recrutement une personne notamment en raison de son origine ou de son appartenance à une nation». A cet effet, la HALDE «recommande au ministre de l'Immigration de préciser les modalités de mise en œuvre de la circulaire afin d'éviter une gestion de l'embauche discriminatoire et ce, dans un délai de trois mois à compter de la notification de la délibération», ainsi que de «veiller à une mise en œuvre uniforme de la liste des emplois ouverts aux ressortissants des pays tiers».

D'après le site Gaboneco.com