Sans-papiers . Vendredi soir, un jeune Malien s’est noyé dans la Marne en tentant d’échapper à un contrôle de police. Il était sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière.
En choisissant comme thème « La xénophobie tue » pour la manifestation de samedi, ses organisateurs ne pensaient pas être si immédiatement confortés dans leur indignation et leur colère. Baba Traoré, vingt-neuf ans, Malien, est mort, vendredi soir. Interpellé dans l’après-midi par la police du RER, à Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne, soupçonné de défaut de titre de transport, il a présenté son abonnement, mais a été pris en charge par la brigade anticriminalité présente sur les lieux. Il n’avait pas de papiers d’identité, mais a donné son nom à la police, avant de s’échapper. Il se serait jeté dans la Marne, alors qu’il était poursuivi par un policier. Il se savait sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière. Il a été repêché dans un état critique et est mort à l’hôpital des suites d’un arrêt cardiaque. L’inspection générale des services, la police des polices, a été chargée de l’enquête.
C’est la troisième fois que le pont de Joinville est le théâtre de ce genre de drame : une noyade plutôt qu’une arrestation. Un jeune tagueur, Michael, est mort noyé, poursuivi par la brigade anticriminalité du Val-de-Marne, alors qu’il était hydrophobe et ne savait pas nager. Le conducteur d’une voiture en stationnement, avec des papiers en règle, mais noir, est aussi mort noyé en se jetant dans la Marne. Mais Baba Traoré n’est pas non plus la première victime de la chasse aux sans-papiers et de la politique anti-immigration en France. Ces morts laisseront des séquelles indélébiles.
SUICIDÉS POUR REFUS DU DROIT D’ASILE
On se souvient de Mme Chunian Liu, qui s’est défenestrée à Belleville, à Paris, en tentant de s’échapper quand elle a vu arriver la police. On se souvient d’Ivan, jeune Tchétchène, tombé de son immeuble à Amiens, dans la Somme, en tentant, avec son père, de fuir la police qui entrait dans l’appartement pour les arrêter pour défaut de titre de séjour. On se souvient aussi du jeune sportif kenyan, John Maïna, qui s’est suicidé quand le droit à l’asile lui a été refusé, il y a deux mois, alors que la police et la milice, dans son pays d’origine, lui promettaient une mort certaine. On se souvient, à Toulouse, de Tarek, Tunisien de vingt-quatre ans, qui s’est jeté du quatrième étage, transporté dans le coma à l’hôpital et dont personne ne sait ce qu’il est devenu. On peut aussi y ajouter les suicidés en centre de rétention.
La politique d’immigration tue aussi à l’étranger les expulsés du territoire, déboutés du droit d’asile parce que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides ne veut pas croire les dangers encourus dans leur pays. Ainsi, Elanchelvan Rajendram, père de famille sri-lankais et tamoul, abattu par l’armée, il y a un an, devant sa maison sous les yeux de sa femme, quelque temps après son expulsion de France. Il est impossible de connaître le nombre de personnes disparues ou emprisonnées à leur arrivée. Demain, par exemple, Mustafa Palta, Kurde, condamné à dix ans d’emprisonnement par le gouvernement turc sous l’accusation d’appartenir au PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, risque d’être renvoyé dans les geôles turques si le préfet du Puy-de-Dôme n’use pas de son pouvoir discrétionnaire et n’entend pas la menace qui le guette.
Un hommage a été rendu, hier soir à Joinville, à Baba Traoré. Parmi quelques centaines de personnes, on notait la présence de Mgr Gaillot, de Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne. Un rassemblement est annoncé, demain à 18 heures à Créteil, devant la préfecture, par le Réseau éducation sans frontières du Val-de-Marne.
D'après un article humanité
mardi 8 avril 2008
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