samedi 26 avril 2008

Yolande James, ministre : « Changer les choses, ça peut se faire en politique »



Elle commence souvent sa journée à 5h 30 du matin pour s’entraîner au gymnase, situé au 3e étage de l’Assemblée nationale du Québec et dont peu de députés profitent. Son nom? Yolande James, ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec et première femme noire à occuper un poste ministériel dans une société qui découvre de plus en plus sa diversité. Rencontre avec une personne au parcours entraînant.

« Je suis une fille qui aime le sport et je suis donc très active. Je voulais courir mon premier marathon avant l’âge de 30 ans! » s’exclame la jeune femme née le 21 novembre 1977. Contrairement à plusieurs d’entre nous cependant, atteindre la trentaine ne l’a pas effrayée. « C’est sûr que, plus jeune, je me disais : “trente ans, c’est loin”. Mais je me dis qu’avec tout ce que j’ai pu vivre jusqu’ici, je suis chanceuse de vivre ma vie pleinement, d’être en santé et d’être entourée de gens que j’aime bien et qui m’aiment bien - j’espère! lance-t-elle en riant. Je souhaite être capable de continuer en ce sens », poursuit-elle.

Yolande James cumule les records depuis son entrée en politique à l’âge de 26 ans. Le 20 septembre 2004, elle remporte les élections partielles dans la circonscription de Nelligan et devient la première femme noire à siéger à l’Assemblée nationale du Québec.

Nommée ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles par Jean Charest en avril 2007, elle devient aussi la plus jeune députée à entrer au Conseil des ministres. Si son jeune âge fait peur à certains, ceux qui la côtoient affirment qu’elle possède toutes les qualités pour contribuer à l’évolution de la société québécoise. De son propre aveu, elle se trouve, dit-elle, « à ma place, au bon moment ».

Née à Montréal dans une famille antillaise, Yolande James a grandi, avec sa sœur Francine, dans la ville de Pierrefonds, à l’ouest de la métropole. Son père, originaire de Sainte-Lucie, dans les Caraïbes, est arrivé au Québec dans les années 60 pour étudier à l’Université Concordia, alors connue sous le nom de Sir George Williams. Sa mère, originaire de Saint-Vincent, est aussi venue au Québec pour étudier à l’Université McGill.

Lorsqu’ils ont eu leurs deux filles, le couple James a tout de suite voulu leur permettre de bien s’adapter afin de pouvoir évoluer le mieux possible au sein de la société québécoise. Ils leur ont donné des prénoms français et ils les ont inscrites dans une école primaire francophone.

« Mes parents ont travaillé fort pour que je reçoive l’éducation que j’ai eue », se rappelle la jeune ministre. Yolande James est d’ailleurs la seule ministre anglophone dans le cabinet actuel de Jean Charest. Comme elle s’exprime dans un français impeccable, elle se montre reconnaissante envers ses parents de l’avoir motivée dans sa carrière et de lui avoir permis de baigner dans une atmosphère francophone. Étudiante en droit à l’Université de Montréal, elle y décrochera un baccalauréat en droit civil.

« Je n’ai jamais eu à me poser la question si c’était possible de réaliser telle ou telle chose, et c’est seulement en vieillissant que j’ai vu que ce n’est pas le cas pour tout le monde. Je me suis rendu compte que, dans ma jeunesse, j’avais heureusement vécu quelque chose de particulier grâce à mes parents ».

L’importance de s’engager activement en politique

Ce n’est pas par pure coïncidence que Yolande James a fait son entrée en politique. Elle avait alors 17 ans. « J’ai tout de suite senti que c’était un geste important, même si je n’avais pas compris l’ampleur de ma décision. Évidemment, à cet âge, je n’avais aucune expérience politique, mais j’avais suffisamment confiance en moi pour croire que je pourrais apporter une contribution positive au Parti libéral ».

Un an plus tard, elle milite pour le NON dans la campagne référendaire de 1995. « J’allais avoir 18 ans, le 21 novembre 1995, et le référendum allait avoir lieu le 30 octobre 1995. À ce moment-là, tous les Québécois, jeunes et moins jeunes, étaient conscients qu’une décision importante allait se prendre, mais je ne pouvais pas y participer parce que je n’avais pas l’âge pour voter. J’ai vu à ce moment-là l’importance de s’intéresser et de s’engager activement en politique ».

Yolande James poursuit ses études parallèlement à ses activités politiques et, 3 ans après l’obtention de son diplôme en droit de l’Université de Montréal, elle obtient son baccalauréat en Common Law de l’Université Queen’s. En 2004, elle est admise au barreau et elle est élue députée. Ouf ! Tout un marathon.

Son engagement au sein de l’association du Parti libéral du Québec lui aura été utile. Attachée politique de Russell Williams, député de Nelligan, de 1998 à 2003, elle cumule, parallèlement à ses fonctions, le poste de vice-présidente jeune de l’Association libérale du comté.

Deux projets lui tiennent à cœur : l’accessibilité à l’éducation et l’assistance aux communautés noires du Québec. Sensibilisée aux préoccupations sociales des citoyens alors qu’elle était stagiaire en droit au ministère de la Santé et des Services sociaux jusqu’à son élection en 2004, elle se montre particulièrement attentive à la place qu’occupe l’éducation dans le bien-être des gens.

« Chaque personne qui veut suivre un parcours d’éducation doit y avoir accès, affirme-t-elle. Quand on y pense, l’éducation, c’est la base de l’avenir. »

C’est pour cette raison qu’elle a collaboré au développement d’un programme d’études pour les étudiants en difficulté dans l’ouest de l’Île de Montréal.

« Je m’engage aussi à répondre aux besoins de notre population en collaborant à un nouveau projet d’école primaire dans l’arrondissement de Pierrefonds-Senneville », précise-t-elle.

Depuis son arrivée au poste de ministre, elle a aussi aidé l’école Margaret-Masson à se doter d’une nouvelle cour d’école. « Je m’engage envers notre communauté pour que les jeunes de Nelligan, ma circonscription, aient tous les services éducationnels nécessaires dont ils ont besoin pour grandir et se développer ».

Une autre activité qui lui tient beaucoup à cœur, et qui a pris une envergure internationale, est l’organisation du Mois de l’histoire des Noirs, activité dans laquelle elle s’est engagée à l’Université de Montréal.
« La célébration du Mois de l’histoire des Noirs a commencé à différents moments dans les provinces canadiennes. On a adopté au Québec un projet de loi en février 2007 pour faire reconnaître le Mois de l’histoire des Noirs, et ce, pour plusieurs raisons. C’est important de comprendre que ce n’est pas pour les Noirs seulement que l’on souligne chaque année en février leur histoire, mais pour tout le monde. C’est un moyen de permettre aux Québécois de toutes origines de découvrir la contribution qu’ont apportée plusieurs personnalités noires à l’évolution de la société québécoise. Et moi-même j’en apprends encore. Alors cela nous permet justement de connaître la richesse de différents peuples qui font partie de notre nation ».

Fortement préoccupée par la situation économique des communautés noires du Québec, Yolande James a annoncé, en juin 2007, une aide financière totalisant 2,7 millions de dollars sur 3 ans pour favoriser l’entrepreneuriat au sein de ces groupes.

« Je veux que les gens voient avant tout, oui, une jeune femme noire, mais surtout une personne qui est capable de bien remplir son mandat. »

Lorsque je lui demande ce que signifie pour elle d’être devenue la première ministre de race noire de l’histoire du Québec, elle me répond que « C’est Jean Charest qui devrait passer à l’histoire pour avoir fait cela ».

Je ne peux m’empêcher de lui demander aussi ce que signifie, d’après elle, sa nomination aux yeux de la population.

« Je pense qu’on veut avoir un gouvernement qui soit représentatif de la société, alors ce sont des gestes qui sont importants et qui, je pense, changent les choses aussi. C’est un peu un rêve que je réalise de voir que, la prochaine fois qu’une personne noire sera nommée au Conseil des ministres, ce ne sera pas un geste historique, mais une situation normale. Ce qui prouvera que la société a bel et bien changé. Je suis contente d’avoir permis cela », me déclare-t-elle.

Yolande James est à la fois témoin et actrice de l’évolution de la société québécoise. « Le Québec vit les mêmes questionnements que d’autres sociétés occidentales, précise-t-elle. Ce n’est pas un débat qui se fait uniquement ici. »

Elle se montre confiante vis-à-vis de l’avenir et rassurée par les réactions du public quant à sa nomination.

« Beaucoup de gens que j’ai rencontrés m’ont dit qu’ils étaient contents de voir une jeune femme noire en politique. Étant jeune, j’ai de nouvelles idées et de nouvelles façons d’aborder les problèmes. »

Si elle s’est engagée au sein de PLQ, c’est aussi parce qu’elle partageait les valeurs de grandes figures politiques. Elle se rappelle avoir rencontré Nelson Mandela lors de son passage à Montréal en 1991. « J’ai rencontré Nelson Mandela et ça m’a marquée de voir un homme qui est resté près de 30 ans en prison parce qu’il luttait contre l’apartheid. Ce sont des moments qui changent une personne : tu vois des gens qui se donnent, et tu te dis à quel point c’est important, car plus on donne, plus on reçoit. »
Elle a admiré Robert Bourassa, qui a eu le courage, d’après elle, de faire adopter la Charte québécoise des droits et libertés en 1975, ainsi que Jean Charest « qui a repris le leadership qui revient au Québec dans la fédération canadienne ».

Sur un plan professionnel, elle garde d’excellents souvenirs de l’ancien député de Nelligan, Russell Williams, qui l’a initiée au monde politique. « C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience, et j’ai vu avec lui qu’on a la chance de travailler sur des projets qui nous tiennent à cœur et qui peuvent vraiment faire changer les choses au niveau de la population. Je constate qu’on travaille vraiment en équipe avec les gens sur différents projets. J’aime tout ce qui me permet d’être avec le monde, donc mon travail me convient sur ce point. Toutes les activités en groupe, qu’elles soient culturelles ou autres, ça me fait énormément de bien ».

« Changer les choses ou contribuer à faire changer les choses, ça peut se faire en politique, et c’est pour atteindre cela que je travaille. »

Le Québec accueillera entre 46 700 et 49 000 immigrants en 2008. Ceci constitue la première phase d'un plan de trois ans qui portera ce nombre à 55 000 en 2010. Cette augmentation du nombre de nouveaux arrivants réjouit Yolande James qui croit en l’ouverture des Québécois.

« Chaque fois que je rentre au Parlement en tant que représentante des citoyens de Nelligan, c’est un privilège que je ne prends pas pour acquis ni à la légère. Je veux que les gens voient avant tout, oui, une jeune femme noire, mais surtout une personne qui est capable de bien remplir son mandat. Sans cela, ça n’a aucun sens ».

D'après un site canadien

lundi 21 avril 2008

Un Grand Homme oublié nous quitte

Bonjour à tous, Merci de visionner ces vidéos. Interpellez vos esprits et vos réactions. Alors Panthéon ou Fort-de-France!!!!

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samedi 19 avril 2008

NICOLAS SARKOZY NE DOIT PAS PROFANER LA MEMOIRE D'AIME CESAIRE !

"Je n’accepte pas de recevoir le ministre de l’Intérieur pour deux raisons. Première raison : des raisons personnelles. Deuxième raison : parce que, auteur du ’Discours sur le colonialisme’, je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu", déclarait Aimé Césaire pour expliquer son refus de recevoir Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l'intérieur, lors d'un voyage prévu par ce dernier, puis annulé, aux Antilles en 2005, en signe de protestation contre la loi de février 2005 dont un article reconnaissait "le rôle positif de la colonisation".Le père de la NEGRITUDE avait finalement reçu en mars 2006 celui qui était alors ministre de l'Intérieur, lui offrant son "Discours sur le colonialisme", tout en soutenant activement Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle, y compris en l’accompagnant lors d’un meeting malgré son grand âge.En guise d'hommage national rendu "au poète de l'universel", terme entendu en boucle dans les médias et les bouches des hommes politiques, la France officielle,celle des élites, se prépare à une parade carnavalesque à la Martinique. Et signe que le mauvais goût n'a plus de limites, l'on entend même parler d'une entrée au Panthéon du NEGRE MAJUSCULE.N'ayons par peur des mots, il y a quelque chose de PORNOGRAPHIQUE, c'est le mot qui convient le mieux, dans toutes les gesticulations politiciennes visant à faire main basse sur la mémoire du rebelle éternel de la Basse pointe,commune natal,du chantre de la NEGRITUDE.S'il est permis de faire une entorse aux coutumes qui veulent que l'on fasse silence pour donner de la solennité à la Mort, et témoigner du respect à la famille, proches, amis et connaissances, c'est parce qu'il y aura un Nicolas Sarkozy en meneur de revue du bal des hypocrites.Quel foutage de gueule !"Papa Césaire" appréciera, espiègle et malicieux qu'il est, que l'on dise haut et fort que tout Président de la République qu'il est, le chef de file de l'UMP n'est pas le bienvenue à la Martinique. Quel cynisme dans la récupération politique des obsèques d'un Homme qui s'est battu toute sa vie contre la férocité occidentale, lui assenant des vérités qui dérangeaient au point qu'en 1992, un François Bayrou décida de retirer ses écrits de l'enseignement scolaire. Etait-ce pour excès... d’anticolonialisme ? De qui se moque t-on ?Aujourd'hui, n'en déplaise à tous ceux qui veulent oublier, histoire de communier autour de la mémoire de "Papa Césaire", nous le disons clairement: Nicolas Sarkozy n'a pas sa place aux obsèques à la Martinique, la présence d'un François Fillon aurait été plus acceptable. Voir le locataire de l'Elysée faire son cirque, le mot n'est pas fort, en se mettant en scène est révoltant. Cela pour quelques raisons évidentes. Premièrement, Nicolas Sarkozy et son parti ( UMP) ont théorisé de l'aspect positif de la colonisation française. C'est dire s'ils recommenceraient au cas où l'occasion le permettrait.Nous ne sommes pas ni dupes ni naïfs, le corpus idéologique ayant conduit à loi est avant tout raciste et racialiste. Cela explique en partie pourquoi le locataire de l'Elysée partage avec les néoconservateurs le projet de "civiliser" et de "répandre la démocratie" dans le monde, d'où l'alignement sur la politique de George W Bush. Deuxièmement, la présence du premier personnage de l'Etat français à la Martinique est particulièrement obscène puisqu'elle heurte la sensibilité légendaire d'Aimé Césaire face aux injustices et au racisme. Comment oublier la politique réactionnaire et négrophobe du gouvernement actuel ? Qui peut oublier que des Hommes, Femmes, Enfants sont traqués au quotidien au nom de la politique de "l'immigration choisie"? Qui peut oublier que la police nationale pousse à la mort des individus en raison de la couleur de leur peau ou de leurs origines ?Troisièmement, on ne peut pas oublier que Nicolas Sarkozy est l'initiateur du ministère de "l'immigration et de l'identité nationale", comprenez par là un concept visant à "purifier" la France de ses ennemis......les Noirs et Arabes. N'a t-on pas entendu parler de "Racailles", "Karcher" et autres noms d'oiseaux utilisés en direction des "banlieues" ? Qui peut oublier que l'ancien ministre de l'intérieur s'est approprié le programme de l'extrême droite dans sa conquête du pouvoir? N'est-ce pas en surfant sur les émeutes de Clichy/Bois et sur les morts des incendies dans les hôtels et habitations insalubres que Nicolas Sarkozy a conquis un électorat frileux et raciste, qui fantasmait sur une "invasion étrangère " de la France?Quatrièmement, il n'a échappé à personne que le locataire de l'Elysée s'est manifesté par ses prises de position en faveur de personnalités controversées qui n'ont eu cesse d'inciter à la haine "Anti-Noirs". N'est-ce pas Nicolas Sarkozy qui soutenait les propos de Bernard Accoyer, actuel Président de l'Assemblée Nationale, de Gérard Larcher et d'Hélène Carrère d'Encausse, qui affirmaient que les émeutes dans les "banlieues" étaient la conséquence de "l'immigration" africaine et de la polygamie?Cinquièmement, la présence d'un Nicolas Sarkozy aux obsèques d'Aimé Césaire est définitivement une provocation insupportable parce que l'on n'a pas oublié qu'il a ouvertement pris la défense du philosophe Alain Finkielkraut, qui s'était illustré par des propos incendiaires: Extraits de l’interview dans le journal HAARETZ datant du 18 Novembre 2005

vendredi 18 avril 2008

L'Afrique pleure Aimé Césaire, qui a magnifié la négritude du continent

L'Afrique pleure Aimé Césaire, poète antillais et chantre de la négritude décédé jeudi, considéré par de nombreux intellectuels comme un "éveilleur de conscience" qui a contribué à rendre sa "dignité" à l'Homme noir, notamment dans sa lutte contre le colonialisme.
Mais des voix s'élèvent aussi pour regretter qu'il n'ait pas été distingué par un prix Nobel ou, à l'instar du "poète-président" sénégalais Léopold Sedar Senghor, autre patriarche de la négritude, par une entrée à l'Académie française.
Aimé Césaire, disparu à l'âge de 94 ans, est "l'homme qui a éveillé à la conscience de l'identité noire non seulement les Noirs de la diaspora mais, nous, les Noirs d'Afrique", a indiqué à l'AFP Cheikh Hamidou Kane, auteur d'un des monuments de la littérature africaine "L'aventure ambiguë".
"Il a été aussi +éveilleur de conscience+ en ce qui concerne le débat sur le colonialisme", a-t-il précisé.
Mais "je regrette qu'il n'ait pas été honoré, consacré, salué comme il le méritait au plan international", notamment avec "un prix Nobel, de la paix ou de la littérature" ou encore "honoré" en devenant membre de l'Académie française.
Aimé Césaire "a contribué à rendre à l'Homme noir sa fierté, a consacré toute sa vie à combattre pour la dignité de l'Homme noir et de tous les peuples opprimés en général", a de son côté déclaré à l'AFP l'écrivain sénégalais Hamidou Dia, un ami du poète antillais.
"Il a toujours voulu rester debout, il s'est toujours réclamé de l'Afrique, de ses ancêtres bambara", l'ethnie majoritaire au Mali, a-t-il ajouté.
Pour le président sénégalais Abdoulaye Wade, "c'est une catastrophe non seulement pour la Martinique, les Caraïbes, la France mais particulièrement pour l'Afrique et le monde noir".
"Car c'est par Césaire que nous avions été conscients du colonialisme, nous le récitions par coeur", a-t-il indiqué jeudi soir à quelques journalistes dont l'AFP.
"Cet homme a consacré sa vie à la lutte pour le peuple noir, à la lutte pour l'indépendance de l'Afrique, pour la promotion des valeurs de la négritude", a ajouté le chef de l'Etat, âgé de 81 ans.
"J'ai connu Césaire étudiant à Paris. Il y avait un congrès des écrivains à la Sorbonne. J'étais étudiant en mathématiques", s'est souvenu le chef de l'Etat.
"Après mon exposé, je suis sorti, Césaire était là. Il m'a pris par la main et il m'a beaucoup encouragé. Nous avons parlé un peu, il a parlé de l'Afrique".
"Pour nous, étudiants anti-colonialistes, notre référence était Césaire. C'était un grand homme qui a marqué son époque", a-t-il souligné.
"C'est avec une vive émotion que j'ai appris le décès de Monsieur Aimé Césaire", a pour sa part écrit le président ivoirien Laurent Gbagbo dans un télégramme à son homologue français Nicolas Sarkozy, saluant "avec le plus profond respect la mémoire de l'illustre poète et du grand homme politique français".
"Pour l'Afrique, le monde noir, la francophonie et notre humanité, un phare vient de s'éteindre", a-t-il conclu.

mardi 8 avril 2008

La xénophobie tue encore

Sans-papiers . Vendredi soir, un jeune Malien s’est noyé dans la Marne en tentant d’échapper à un contrôle de police. Il était sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière.
En choisissant comme thème « La xénophobie tue » pour la manifestation de samedi, ses organisateurs ne pensaient pas être si immédiatement confortés dans leur indignation et leur colère. Baba Traoré, vingt-neuf ans, Malien, est mort, vendredi soir. Interpellé dans l’après-midi par la police du RER, à Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne, soupçonné de défaut de titre de transport, il a présenté son abonnement, mais a été pris en charge par la brigade anticriminalité présente sur les lieux. Il n’avait pas de papiers d’identité, mais a donné son nom à la police, avant de s’échapper. Il se serait jeté dans la Marne, alors qu’il était poursuivi par un policier. Il se savait sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière. Il a été repêché dans un état critique et est mort à l’hôpital des suites d’un arrêt cardiaque. L’inspection générale des services, la police des polices, a été chargée de l’enquête.
C’est la troisième fois que le pont de Joinville est le théâtre de ce genre de drame : une noyade plutôt qu’une arrestation. Un jeune tagueur, Michael, est mort noyé, poursuivi par la brigade anticriminalité du Val-de-Marne, alors qu’il était hydrophobe et ne savait pas nager. Le conducteur d’une voiture en stationnement, avec des papiers en règle, mais noir, est aussi mort noyé en se jetant dans la Marne. Mais Baba Traoré n’est pas non plus la première victime de la chasse aux sans-papiers et de la politique anti-immigration en France. Ces morts laisseront des séquelles indélébiles.
SUICIDÉS POUR REFUS DU DROIT D’ASILE
On se souvient de Mme Chunian Liu, qui s’est défenestrée à Belleville, à Paris, en tentant de s’échapper quand elle a vu arriver la police. On se souvient d’Ivan, jeune Tchétchène, tombé de son immeuble à Amiens, dans la Somme, en tentant, avec son père, de fuir la police qui entrait dans l’appartement pour les arrêter pour défaut de titre de séjour. On se souvient aussi du jeune sportif kenyan, John Maïna, qui s’est suicidé quand le droit à l’asile lui a été refusé, il y a deux mois, alors que la police et la milice, dans son pays d’origine, lui promettaient une mort certaine. On se souvient, à Toulouse, de Tarek, Tunisien de vingt-quatre ans, qui s’est jeté du quatrième étage, transporté dans le coma à l’hôpital et dont personne ne sait ce qu’il est devenu. On peut aussi y ajouter les suicidés en centre de rétention.
La politique d’immigration tue aussi à l’étranger les expulsés du territoire, déboutés du droit d’asile parce que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides ne veut pas croire les dangers encourus dans leur pays. Ainsi, Elanchelvan Rajendram, père de famille sri-lankais et tamoul, abattu par l’armée, il y a un an, devant sa maison sous les yeux de sa femme, quelque temps après son expulsion de France. Il est impossible de connaître le nombre de personnes disparues ou emprisonnées à leur arrivée. Demain, par exemple, Mustafa Palta, Kurde, condamné à dix ans d’emprisonnement par le gouvernement turc sous l’accusation d’appartenir au PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, risque d’être renvoyé dans les geôles turques si le préfet du Puy-de-Dôme n’use pas de son pouvoir discrétionnaire et n’entend pas la menace qui le guette.
Un hommage a été rendu, hier soir à Joinville, à Baba Traoré. Parmi quelques centaines de personnes, on notait la présence de Mgr Gaillot, de Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne. Un rassemblement est annoncé, demain à 18 heures à Créteil, devant la préfecture, par le Réseau éducation sans frontières du Val-de-Marne.
D'après un article humanité

vendredi 4 avril 2008

Le premier maire noir d'Irlande

C'était il y a quinze ans à peine. Dans un bed & breakfast de la campagne d'Irlande, une vieille dame accueillait deux voyageuses. L'une d'elles avait la peau noire. La vieille Irlandaise, qui n'avait jamais rien vu de pareil sauf à la télévision, en fut toute désarçonnée. Soucieuse de bien faire, elle demanda en chuchotant à l'oreille de la jeune Blanche : "Qu'est-ce qu'elle mange ?

Même décor, quinze ans après : le 28 juin 2007, Rotimi Adebari, nigérian, 43 ans, est élu maire de Portlaoise, une petite ville de 18 000 habitants en grande banlieue de Dublin. Le premier maire noir de l'histoire d'Irlande. Un événement inouï pour les vieilles dames des bed & breakfast comme pour la plupart des Irlandais qui, encore récemment, n'avaient jamais vu chez eux que des Blancs à taches de rousseur. Qui pouvait penser émigrer dans un pays rongé par la misère ? L'Irlande, on la quittait. La croissance fulgurante de l'économie, dans les années 1990, a soudain changé la donne. En 1997, une école secondaire de Dublin accueillait son premier élève non irlandais. Aujourd'hui, environ 14 % de la population d'Irlande est étrangère.
Les Nigérians, anglophones, sont parmi les premiers à immigrer dans l'île. Parmi les premiers, aussi, à s'engager en politique. "C'est une caractéristique irlandaise, constate Bryan Fanning, chercheur sur l'immigration à l'université de Dublin : les Africains y sont politiquement très actifs. Contrairement à la plupart des immigrés d'Europe, ils arrivent en Irlande avec l'idée d'y rester. Et contrairement à eux, ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les Irlandais. Outre le racisme, présent comme partout, ils doivent se battre pour mériter leur citoyenneté. Rotimi Adebari est un visage de la nouvelle Irlande."
Dans l'Irlande blonde, rousse, catholique et amatrice de Guinness, Rotimi Adebari est noir, protestant et peu porté sur les pubs. Il vous accueille gentiment entre deux rendez-vous, toujours pressé et peu bavard, le costume-cravate impeccable, le sourire poli. Il est à la mairie le matin, file à l'université de Dublin l'après-midi, où se trouve le bureau d'une des nombreuses organisations qu'il anime pour favoriser l'intégration et encourager le "dialogue interculturel". Il est attendu à Londres le lendemain et vous concède tout juste deux heures à la cantine de l'université, happé par son téléphone et les rendez-vous que lui rappelle sa secrétaire. A l'idée de parler de lui, il soupire. "Un journal m'a déjà pris en photo une fois, pourquoi recommencer ?"
Un jour de juillet 2000, Rotimi Adebari a quitté le Nigeria. Pas pour fuir une guerre civile qui avait pris fin en 1970, quand il était encore enfant. Ni en raison du régime politique, revenu peu ou prou à la démocratie après des années de dictature militaire. Pas à cause d'une pauvreté qui lui a été épargnée : son père était ingénieur dans une entreprise française de travaux publics et ce que l'Occident appelait le "choc pétrolier", au milieu des années 1970, résonnait en "boom économique" au Nigeria, grand producteur d'or noir.
Rotimi Adebari a demandé l'asile en Irlande mais s'il boite lourdement en portant son plateau de cantine, c'est moins la trace d'une ancienne opposition politique que celle d'un passé de joueur de haut niveau dans un sport d'élite. Une mauvaise chute a mis fin d'un coup à sa carrière tennistique alors qu'il concourait au niveau national. Elève exceptionnel, il avait étudié les sciences politiques et économiques, enseigné quelque temps l'économie, travaillé comme journaliste à la télévision... puis décidé de tout quitter.
Le visage si tranquille se crispe d'un coup, les doigts tapotent la table nerveusement. "Les raisons pour lesquelles j'ai quitté mon pays, lâche-t-il après un silence, renvoient à un passé sur lequel je n'ai pas envie de revenir. Mon père était musulman. Un vrai et solide musulman. En 1991, je me suis converti au christianisme - protestant ou catholique, nous ne faisons pas la distinction chez nous. Vous ne saurez pas ce que j'ai vécu. Disons, pour faire vite, que ma conversion n'a pas plu à mon père. Que la vie est devenue assez insupportable pour que je veuille m'en aller. Loin."
"Loin", ce sera l'Irlande. Un pays en plein développement qui attire les émigrants du monde entier. Au Nigeria, Rotimi Adebari et sa femme Ronke, chrétienne elle aussi, ont sympathisé avec un prêtre irlandais. "L'Irlande est le pays des mille bienvenues, leur promet-il. Les offres d'emploi pleuvent. Allez-y !" Avec leurs deux premiers enfants, ce jour de l'année 2000, Rotimi et Ronke atterrissent sur le tarmac de l'aéroport de Dublin.
Le pays des mille bienvenues commence par leur refuser le droit d'asile. La drôle d'histoire du premier maire noir d'Irlande débute ainsi, par son exclusion d'Irlande. La chance fait le reste. Il fait appel du jugement, sans grand espoir. Tout juste deux semaines avant l'expiration du délai, la femme de Rotimi met au monde leur troisième enfant. Or une loi nationale, qui n'existe plus depuis 2004, garantit alors la nationalité irlandaise aux enfants nés sur le sol irlandais et, pour les parents, le droit d'y résider. Comme la plupart des 25 000 Africains ayant émigré sur l'île depuis le milieu des années 1990, la famille de Rotimi Adebari en a bénéficié... in extremis. "Je comprends que les Irlandais aient mis fin à cette loi, dit doucement Rotimi Adebari. Mais si notre enfant était né deux semaines plus tard, où serions-nous aujourd'hui ? Où sont ceux qui n'ont pas eu ma chance ?"
Le maire de Portlaoise n'est pas irlandais mais "résident étranger", et en cette qualité autorisé par la loi à se présenter aux élections locales. Alors qu'il était encore demandeur d'asile, Rotimi Adebari avait regardé les annonces de maisons à louer. Le hasard l'avait envoyé dans cette petite ville dont il ne savait même pas prononcer le nom si gaélique (portliech). A peine arrivé, il s'est engagé au service de la communauté.

David Finane n'est pas près de l'oublier. En 2002, cet ancien chômeur s'était inscrit au Job's Club, dépendance de l'agence nationale pour l'emploi. Dans le groupe de demandeurs d'emploi était arrivé ce Noir élégant, le premier que David voyait en Irlande. La responsable de la formation venait de se casser une jambe et le petit groupe se retrouvait sans tuteur. "Nous étions tous désemparés, les bras ballants, raconte David, l'ancien compagnon de chômage. Rotimi a aussitôt pris les choses en main. Très calmement, il nous a proposé de nous réunir, de lire les journaux, d'étudier ensemble les annonces d'emploi et de tout mettre en commun. Il a fait venir au club des amis noirs, demandeurs d'asile. Il a invité des psychologues pour nous aider. Il nous a redonné un moral d'acier.

Quelques années plus tard, Rotimi Adebari rend visite à un conseiller municipal de la ville, Tom Jacob. "Il n'était pas familier du système politique irlandais, raconte celui-ci. Il m'a posé des tas de questions sur les lois et les partis, et comme je concourais en indépendant, il m'a proposé de faire campagne avec moi pour les municipales. Il voulait faire de l'intégration des minorités ethniques sa priorité, cela m'intéressait. Nous avons fait équipe."
A Portlaoise, on commençait à murmurer le nom de Rotimi Adebari. Il avait aidé les chômeurs, puis fondé une association d'aide à l'emploi, à l'époque peu lointaine où l'économie irlandaise était à l'agonie. Il animait déjà une émission hebdomadaire de débats de société sur une radio locale et commençait à donner dans le comté des conférences sur les échanges interculturels.
Chrétien fervent, protestant, on le voyait se rendre chaque dimanche au temple d'une ville voisine et éviter de fréquenter l'église évangélique de Portlaoise, dont le pasteur est nigérian, pour ne pas donner de lui une image communautariste. Certains lui étaient reconnaissants d'avoir changé positivement la perception des quelque 200 ou 300 Nigérians de la ville. "Il y avait un ressentiment à l'égard de cette communauté, raconte Tom Jacob. Ils n'étaient pas familiers de nos règles, doublaient tout le monde au supermarché ou au restaurant, n'envoyaient pas leurs enfants à l'école... Rotimi les a convaincus d'évoluer, de scolariser leurs enfants. Ils se sont mieux intégrés."
Le 28 juin 2007, quatre partis se partagent à la proportionnelle les 9 sièges du nouveau conseil municipal. Les deux candidats indépendants obtiennent 2 sièges. Issu d'une des parties représentées, le maire est désigné par rotation pour un an. Tom Jacob propose que Rotimi Adebari soit le premier de la législature : 3 votent contre, 6 votent pour. "Le fait que Rotimi Adebari soit à cette place est un signe que notre pays a enfin grandi", dit Tom Jacob.
A une centaine de kilomètres de Portlaoise, au Théâtre national de Dublin, le "signe" est déjà arrivé sur scène. L'écrivain irlandais Roddy Doyle et le Nigérian Bisi Adigun viennent d'y transposer The Playboy of the Western World, une pièce du répertoire irlandais du XIXe siècle. Pour la première fois, sous leur plume trempée dans le réel, le village rural de l'ouest de l'Irlande devient la banlieue ouest de Dublin. Et le fameux héros irlandais, un demandeur d'asile de bonne éducation... noir.


D'après un artcle du monde

Ils ont osé le faire

Racisme au quotidien
« C’est le racisme qui a perdu » affirme Kader Atteyer, jeune maire noir récemment élu de la commune de Morey en Saône-et-Loire. « Moi, je ne suis pas raciste » affirme Jean-Pierre Demaizière, agriculteur retraité qui n’a pas la langue dans la poche. « Mais dans la commune, il y a un rejet, par la population, parce qu’il est noir. » Il fait partie des cinq élus qui viennent de démissionner du conseil. Le motif : des problèmes que personne ne veut dire. Pour les démissionnaires, c’est parce que, parmi les deux cents habitants de Morey, beaucoup n’acceptent pas de voir Kader Atteyer devenir maire. Né à Chalon-sur-Saône de parents djiboutiens arrivés en France pour travailler, Kader Atteyer, éprouve une tristesse dure à digérer. Habitant la commune, avec sa compagne et ses deux enfants, depuis 2000, il n’avait jamais eu de problème. Et pour les municipales, il était même parvenu, avec la première adjointe Anne-Marie Poirier, à convaincre suffisamment de personnes pour constituer une liste. « Autour de la table, tout le monde était OK pour que je sois maire. Et puis à quinze jours de l’élection, il y a eu une autre candidature », explique Kader Atteyer d’une voix blessée. À partir de là, tout a changé pour lui. Certaines personnes allant jusqu’à lui faire comprendre que sa couleur pouvait indisposer. Mais à six voix contre cinq il a été élu. En démissionnant, ses adversaires ont levé un conflit. Dans l’équipe du maire. Mais pas dans la population de Morey.
D'après l'article l'humanité