vendredi 18 avril 2008

L'Afrique pleure Aimé Césaire, qui a magnifié la négritude du continent

L'Afrique pleure Aimé Césaire, poète antillais et chantre de la négritude décédé jeudi, considéré par de nombreux intellectuels comme un "éveilleur de conscience" qui a contribué à rendre sa "dignité" à l'Homme noir, notamment dans sa lutte contre le colonialisme.
Mais des voix s'élèvent aussi pour regretter qu'il n'ait pas été distingué par un prix Nobel ou, à l'instar du "poète-président" sénégalais Léopold Sedar Senghor, autre patriarche de la négritude, par une entrée à l'Académie française.
Aimé Césaire, disparu à l'âge de 94 ans, est "l'homme qui a éveillé à la conscience de l'identité noire non seulement les Noirs de la diaspora mais, nous, les Noirs d'Afrique", a indiqué à l'AFP Cheikh Hamidou Kane, auteur d'un des monuments de la littérature africaine "L'aventure ambiguë".
"Il a été aussi +éveilleur de conscience+ en ce qui concerne le débat sur le colonialisme", a-t-il précisé.
Mais "je regrette qu'il n'ait pas été honoré, consacré, salué comme il le méritait au plan international", notamment avec "un prix Nobel, de la paix ou de la littérature" ou encore "honoré" en devenant membre de l'Académie française.
Aimé Césaire "a contribué à rendre à l'Homme noir sa fierté, a consacré toute sa vie à combattre pour la dignité de l'Homme noir et de tous les peuples opprimés en général", a de son côté déclaré à l'AFP l'écrivain sénégalais Hamidou Dia, un ami du poète antillais.
"Il a toujours voulu rester debout, il s'est toujours réclamé de l'Afrique, de ses ancêtres bambara", l'ethnie majoritaire au Mali, a-t-il ajouté.
Pour le président sénégalais Abdoulaye Wade, "c'est une catastrophe non seulement pour la Martinique, les Caraïbes, la France mais particulièrement pour l'Afrique et le monde noir".
"Car c'est par Césaire que nous avions été conscients du colonialisme, nous le récitions par coeur", a-t-il indiqué jeudi soir à quelques journalistes dont l'AFP.
"Cet homme a consacré sa vie à la lutte pour le peuple noir, à la lutte pour l'indépendance de l'Afrique, pour la promotion des valeurs de la négritude", a ajouté le chef de l'Etat, âgé de 81 ans.
"J'ai connu Césaire étudiant à Paris. Il y avait un congrès des écrivains à la Sorbonne. J'étais étudiant en mathématiques", s'est souvenu le chef de l'Etat.
"Après mon exposé, je suis sorti, Césaire était là. Il m'a pris par la main et il m'a beaucoup encouragé. Nous avons parlé un peu, il a parlé de l'Afrique".
"Pour nous, étudiants anti-colonialistes, notre référence était Césaire. C'était un grand homme qui a marqué son époque", a-t-il souligné.
"C'est avec une vive émotion que j'ai appris le décès de Monsieur Aimé Césaire", a pour sa part écrit le président ivoirien Laurent Gbagbo dans un télégramme à son homologue français Nicolas Sarkozy, saluant "avec le plus profond respect la mémoire de l'illustre poète et du grand homme politique français".
"Pour l'Afrique, le monde noir, la francophonie et notre humanité, un phare vient de s'éteindre", a-t-il conclu.

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