jeudi 29 janvier 2009

Quand la CGT embrasse la cause des sans-papiers

Non sans débats internes, le syndicat s’est engagé fortement pour obtenir des régularisations de travail. Reste à définir l’avenir de cette lutte

Pourquoi la CGT s’est-elle investie dans la régularisation des travailleurs sans papiers ? Elle se prononçait, lors de son dernier congrès, pour la régularisation de tous les sans-papiers, et son soutien n’est donc pas une surprise. Mais l’action de cette année 2008 est originale. Francine Blanche, secrétaire confédérale, revient sur les principes : « Les travailleurs sans papiers sont l’expression physique de la mondialisation. Les employeurs délocalisent leur entreprise pour trouver une main-d’œuvre moins chère et ceux qui ne peuvent pas délocaliser utilisent des salariés "modèles" : qui acceptent tout, avec des salaires en dessous du Code du travail, jamais malades, sans une revendication, jusqu’à ce qu’ils décident de se mettre en grève. »

Les premières luttes pour la régularisation des salariés ont commencé à l’union locale CGT de Massy (91) avec Jeanne Davy, puis Raymond Chauveau, pour Modelux et Buffalo Grill, en 2007 (avec Droit Devant ! ! qui travaillait depuis longtemps sur la dimension salariale des sans-papiers). « Dans ces deux entreprises, explique Raymond Chauveau, nous avons pu vérifier que les outils syndicaux comme la grève étaient des angles d’attaque efficients pour poser le problème à l’entreprise, en situant les responsabilités de l’employeur et de la préfecture. » En novembre 2007, est voté l’article 40 de la loi CESEDA qui, complété par la circulaire Coudert du 7 janvier 2008, va ouvrir une fenêtre à une régularisation dans certains métiers « sous tension », tout en interdisant tout regroupement familial.

« De nombreux travailleurs sans papiers, embauchés dans une même entreprise, sont venus frapper à la porte de nos permanences, poursuit Raymond Chauveau. Nous avons démarré avec l’occupation de la Grande-Armée, en février. C’est la préfecture de police qui a choisi de régulariser sur la base de la circulaire du 7 janvier. Devions-nous laisser le patronat faire comme il l’entendait ou prenions-nous les choses en main ? » La question a fait débat. Le syndicat a même été accusé de ne plus se battre pour la régularisation de tous les sans-papiers, de faire le jeu de la politique d’immigration choisie et d’aller jusqu’à monter lui-même les dossiers. « En négociant nous-mêmes, nous avons évité d’avoir des contrats qui perpétuaient les rapports de subordination, précise Raymond Chauveau. Des travailleurs intérimaires ont été embauchés en CDI, nous avons obtenu des contrats en rapport avec une convention collective, des requalifications de postes, de salaires, avec la règle de l’antériorité. »

Le mouvement de grève a pris de l’ampleur en avril. Le ministère reçoit alors très vite le syndicat, comme s’il sentait la dynamique sous-jacente et la craignait. On parle d’un millier de régularisations possibles. Des centaines de sans-papiers s’installent à la Bourse du travail, le 2 mai, rappelant que sans-papiers isolés et travailleurs au noir devraient aussi être régularisés.
L’initiative sera très mal reçue, à tel point que le conflit perdure encore actuellement.

Aujourd’hui, il n’y aura pas de troisième vague, même si une dizaine de départements sont en mouvement, comme les Alpes-Maritimes, l’Isère, la Loire-Atlantique, le Loiret… L’avenir ? « C’est de consolider, d’abord, les droits acquis pour tous les salariés qui ont cinq ans de présence et un an de contrat de travail, avec un employeur qui accepte de remplir les formulaires. Nous sommes passés à une nouvelle étape, précise Francine Blanche. Il s’agit aussi de faire prendre conscience que défendre les droits des plus fragiles, c’est faire progresser les droits de tous. Nous ne pouvons accepter des salariés sans droits. La régularisation, c’est le moyen de récupérer ses droits de salariés. Nous devons voir maintenant avec les régularisés, avec tous les précaires, comment on construit de meilleures conditions de vie pour tous. »

Source L'Humanité

mercredi 28 janvier 2009

Jean-Leonard Touadi est devenu le premier noir député en Italie

Jean-Leonard Touadi est devenu le premier italien noir, à être élu député au parlement italien le week-end dernier (13-14 avril). Né au Congo-Brazzaville en 1959, il est arrivé en Italie en 1979. Journaliste, il est également diplômé de sciences politiques et titulaire d’un doctorat de philosophie.

Il a travaillé à la RAI (une chaîne de télévision italienne), a été professeur d’anthropologie et de philosophie, chroniqueur dans la revue "Nigrizia". Il n’est pas coupé du reste de la diaspora africaine et a déjà écrit plusieurs livres en italien, sur l’Afrique. Deux des plus connus sont « Africa, la pentola chez bolle » (Afrique : une marmite en ébullition) et « Africa in pista » (l’Afrique en piste).


En novembre 2007, l'agression d'une enseignant italien, laissé pour mort, avait soulevé la polémique quand un immigré roumain avait été arrêté pour ce crime. Sous la pression de l'opinion publique remontée contre les roumains, le gouvernement avait voté une loi permettant l'expulsion d'immigrés qui menaçaient l'ordre public.


Jean-Leonard Touadi avait dû monter au créneau, déclarant que des groupes d'extrême-droite profitaient de l'occasion pour promouvoir une culture raciste en essayant d'aller à la chasse aux roumains, pour donner la sensation à la ville qu'ils avaient réussi à venger les italiens.


Il y a quelques mois, la chaîne France 24 l’avait suivi : vous pouvez voir le reportage ci-dessous.


Source Grioo

samedi 24 janvier 2009

Evo Morales, premier Président de la République de Bolivie d'origine amérindienne

Lorsqu'on vient d'une famille pauvre d'Indiens boliviens, difficile de s'imaginer qu'on pourra un jour devenir Président. Surtout quand les parents sont paysans, que les frères et soeurs survivent tant bien que mal. Evo Morales vient de là. La classe sociale la plus oubliée et maltraitée du pays. Celle où l'on arrête le lycée pour travailler.
Pendant plusieurs années, Evo Morales vivote. Maçon, boulanger, même trompettiste, il décide finalement, après son service militaire, de devenir agriculteur dans la zone du Chapare, là où l'on cultive de la coca.
Mais les choses se compliquent. Les Etats-Unis disposent dans cette région de forces militaires qui détruisent régulièrement les plantations des paysans. Les révoltes contre l'occupant se multiplient, et Evo Morales adhère au syndicat des colonisateurs du Chapare. Il devient vite le dirigeant du mouvement des cocaleros, les producteurs de coca. Et défend auprès du gouvernement ces petits paysans en dénonçant l'amalgame des Etats-Unis entre coca et cocaïne.
Fondant le Mouvement vers le socialisme, la révolte entre en politique. Evo Morales devient député en 1998. En même temps, le pays gronde. Pendant trois ans, la situation a des airs de guerre civile. Les petits producteurs alliés aux ouvriers revendiquent la nationalisation des ressources naturelles. Les gouvernements tombent comme des mouches, deux présidents sont contraints à la démission.
Evo Morales est élu sur la promesse de rétablir la justice et l'équité en 2005. Il s'engage à être sévère contre le trafic de drogue tout en laissant les paysans cultiver la coca. La présence militaire américaine ne sera bientôt qu'un lointain souvenir. Et la nationalisation des ressources du pays mise en place par son gouvernement.
Mais évidemment, la question fâche. La Bolivie dispose d'hydrocarbures et du premier gisement de gaz naturel de tout le continent. Les prix augmentent, et la compagnie nationale est la seule autorisée à distribuer les ressources. De quoi provoquer des tensions avec les grands groupes énergétiques, et de susciter la colère des voisins argentin et brésilien, voraces en gaz bolivien.
Devenu le premier Amérindien président de Bolivie, Evo Morales symbolise l'avancée de la gauche en Amérique latine. La question est encore de savoir s'il est plus influencé par Lula que par Hugo Chavez ou Fidel Castro.

Parcours politique d'Evo Morales.


- 1983, Secrétaire des sports du Syndicat des colonisateurs du Chapare
- 1989, Président des Six fédérations du tropique de Cochabamba
- 1995, Un des fondateurs du Mouvement vers le socialisme
- 1998-2005, Député au Parlement
- 2002, Il obtient 20% au premier tour des élections présidentielles
- 2003, 2005, Il participe aux révoltes sociales
- Depuis 2006, Président de la Bolivie
Biographie source divers
Un article très intéressant sur Evo Morales Courrier international juin 2008.

mardi 20 janvier 2009

Barack Obama a prêté serment

Barack Obama est devenu mardi le 44e président des Etats-Unis après avoir prêté serment à Washington, sous les acclamations des centaines de milliers de spectateurs rassemblés devant le Capitole pour la cérémonie. Lire la suite l'article

"Je vous dis aujourd'hui que les défis auxquels nous sommes confrontés sont réels, ils sont graves et nombreux", a-t-il déclaré en entamant son discours d'investiture.


"Ils ne seront pas relevés facilement ni rapidement. Mais sache, Amérique, qu'ils le seront.


La crise économique qui frappe le pays", a poursuivi Obama, est le fruit de "la cupidité et de l'irresponsabilité de certains".


"L'état de l'économie impose l'action, ferme et rapide, et nous allons agir."


Barack Obama a en outre promis de faire preuve de responsabilité dans le rapatriement des forces déployées en Irak. Il s'est engagé à ramener la paix en Afghanistan et à forger de nouvelles relations avec le monde arabo-musulman. Le président des Etats-Unis a par ailleurs averti les terroristes que l'Amérique resterait ferme

La diversité en politique progresse au niveau local

Àl'heure de l'investiture de Barack Obama, le retard de la France en matière de diversité en politique apparaît criant : parmi les élus de la métropole, seuls trois députés sur 555 (soit 0,54 %) et quatre sénateurs sur 305 sont issus des minorités visibles. Au niveau local la diversité progresse. Parmi les dix premières villes de France, souligne une note de l'Institut Montaigne publiée mercredi 21 janvier, seule Bordeaux n'a pas d'adjoint issu de la diversité dans son conseil municipal. Avec 13,84 % d'élus des minorités, Strasbourg a le conseil le plus divers, devant Lille (11,47 %) et Montpellier (11,47 %).

Mais au-delà des conseillers et adjoints municipaux, plus les responsabilités s'accroissent, plus la proportion s'amenuise. "Les partis au niveau local ont intégré la diversité : les sections sont diverses, et même dans les scrutins de liste on trouve des noms de toutes origines, mais lorsque la question du pouvoir se pose pour les postes de maire, conseiller général, député, la situation est bloquée", observe le sociologue Vincent Geisser, auteur avec Yamine Soum de Discriminer pour mieux régner, enquête sur la diversité dans les partis politique (L'Atelier, 2008). "Le blocage ne vient pas de la base mais des appareils qui restent dominés par la figure de l'homme "blanc" d'une cinquantaine d'années."

La secrétaire d'Etat à la ville Fadela Amara en sait quelque chose : lors des élections cantonales en 2001, elle a maintenu sa candidature interne au PS malgré les pressions exercées par les instances du parti pour laisser la place à l'un des vice-présidents socialistes sortant du conseil général. Sa victoire a provoqué un tel "scandale" qu'elle a fini par laisser tomber. "Les instances dirigeantes du PS ont vassalisé les enfants de l'immigration, considérant cet électorat comme acquis à la gauche. Leur surmoi marxiste est tellement fort qu'elles pensent le bien pour le peuple et ne comprennent pas qu'une personne de la diversité puisse proposer de se présenter comme n'importe qui d'autre", lâche-t-elle aujourd'hui convaincue que c'est par la base qu'il faut passer pour faire évoluer le sommet.

A droite, les candidatures issues de la diversité restent encore "suspectes", dit Emmanuel NJoh : bien qu'investi par l'UMP, lui s'est retrouvé aux dernières élections municipales à Vitry-sur-Seine en face de trois autres candidats de droite, tous trois élus sortants, sans que ni les instances fédérales, ni les instances nationales ne lèvent le petit doigt. "Résultat, Vitry est la seule ville du 94 qui n'ait aucun élu de la majorité, alors qu'il y en avait huit avant", relève M. Njoh, arrivé en tête des quatre listes de droite.

"SUR LE TERRAIN"

De plus en plus de voix s'élèvent pour demander à repenser le mode de désignation des candidats en instaurant un système de primaire, ouvert à l'électorat non encarté. "Le choix du candidat ne dépendrait plus alors de l'appareil politique mais reposerait sur un vote au suffrage universel direct. Cela favoriserait le renouvellement des candidats et les vainqueurs bénéficieraient d'une légitimité inconstatable, ce qui aurait pour effet de limiter les candidatures dissidentes", souligne Eric Keslassy, auteur de la note de l'Institut Montaigne. " La légitimité, on se la construit sur le terrain", insiste Farid Bounouar, candidat PS aux cantonales de 2008 à Gennevilliers, fief historique du PCF. Il s'est présenté face à un communiste en dépassant le dernier meilleur score socialiste datant de... 1967.

Tous les intéressés sont d'accord : l'électorat est prêt. Ils souhaitent simplement être considérés comme les autres. "Ni plus ni moins", relève Jean-Claude Beaujour tête de liste de l'UMP dans le 20e arrondissement de Paris, un quartier "plus coloré" que celui où il s'était implanté. "Il faut arrêter l'assignation identitaire", relève-t-il.

lundi 19 janvier 2009

Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam

Une première : une personnalité issue de l'immigration est appelée à diriger une grande ville. Le secrétaire d'Etat aux Affaires sociales a démontré sa compétence. La critique porte plus sur le fait qu'il vient d'Amsterdam.

Rotterdam, deuxième ville des Pays-Bas, important port en Europe, se prépare à une petite révolution : elle devrait bientôt avoir un nouveau bourgmestre, qui pour la première fois outre-Moerdijk sera issu de l'immigration.


Ahmed Aboutaleb n'est pas inconnu du grand public : cette étoile montante du parti travailliste PvdA a déjà fait ses preuves en tant qu'échevin à Amsterdam, où le chef du parti travailliste et actuel ministre des Finances Wouter Bos est venu le chercher en février 2007, à l'issue des dernières législatives, pour lui confier le lourd secrétariat d'Etat aux Affaires sociales, au grand dam des Amstellodamois.


Charismatique, cet homme arrivé du Maroc à 14 ans, est présenté comme un modèle d'intégration, et s'exprime sans accent en néerlandais. Il s'est taillé en politique une réputation de sérieux et d'efficacité. L'arrivée du futur bourgmestre a soulevé une vague d'enthousiasme aux Pays-Bas, et en particulier sur les quais de la Meuse, ce qui n'est pas rien pour une ville qui cultive sa méfiance envers tout ce qui vient de "l'autre ville", Amsterdam, et qui se targue d'avoir les pieds bien sur terre.


Bourgmestre "parachuté"


Cela devient encore plus remarquable lorsque l'on sait qu'aux Pays-Bas, les bourgmestres sont parachutés : désignés par le gouvernement et la Reine, certes après avoir été proposés par le conseil communal, mais sans la légitimité que confèrent au mayeur les élections communales. Même si sa désignation prochaine (une " formalité ", selon les autorités communales) en a surpris plus d'un, Ahmed Aboutaleb, 47 ans, avait à la réflexion plus d'un atout dans son jeu : il est issu du parti travailliste, et arrive dans une ville traditionnellement "rouge".


Il a un passeport marocain, auquel il ne peut renoncer en vertu de la loi marocaine, ce qui lui vaut un large soutien au sein de cette moitié de la ville qui est elle-même issue de l'immigration (180 nationalités y ont été recensées).


Mais l'homme est également apprécié de la population autochtone, qui se souvient du sérieux de sa gestion dans la capitale, et de ses appels au calme, souvent entendus, lorsqu'il y a trois ans l'islamiste Mohammed Bouyeri avait abattu et égorgé le cinéaste et pamphlétaire Theo Van Gogh en pleine rue.


Deux passeports


Seules voies discordantes dans le concert de louanges, celles du député PVV d'extrême droite Geert Wilders, qui aurait préféré qu'Ahmed Aboutaleb soit nommé à Rabat, et celle du parti Leefbaar Rotterdam, dans l'opposition, qui reproche au héros du jour " d'être d'Amsterdam, d'être supporter de l'Ajax, mais pire encore d'avoir deux passeports ". On ne peut pas faire l'unanimité.

vendredi 16 janvier 2009

CEM ÖZDEMIR • Le Turc national des Allemands

Ich bin ein Inländer [Je suis quelqu'un d'ici] est le titre de la récente autobiographie de Cem Özdemir. Tout un programme. Fils unique d'immigrés turcs, né en Allemagne, il a le même parcours que ceux de sa génération. A deux différences près : à 18 ans, il demande - et obtient - la nationalité allemande et, depuis trois ans, il est député des Verts au Bundestag. Lui-même se définit comme un "Souabe anatolien", un médiateur entre deux mondes. Les Allemands le considèrent comme leur "Turc national" ou un "Turc de hasard", tant ce jeune homme au sourire smart leur paraît proche, même s'il ne fait pas tout à fait allemand. Et les médias turcs l'ont d'abord fêté comme "l'un des [leurs]", mais son engagement pour la tolérance entre Allemands, Turcs et Kurdes et son hostilité à l'égard de toute polarisation ont vite déçu leurs attentes. "J'ai un devoir de missionnaire dans les deux directions, explique-t-il. En ce moment, je me bats pour le droit de vote des Turcs ici. Et je suis l'un des seuls, dans la communauté turque, à affirmer que ce droit de vote est plus important ici qu'en Turquie." Membre de la Pizza Connection, un groupe de jeunes députés de différents partis qui se retrouve régulièrement dans une pizzeria, il est confiant dans l'avenir. "Avec les députés de la CDU qui viennent à la pizzeria, nous avons monté en un tour de main un programme de coalition noir-vert [droite et écologistes] sur le droit de la nationalité. Le problème, c'est que nous représentons encore des positions minoritaires. Le ministère de l'Intérieur et la Bavière se refusent à réformer quoi que ce soit. Mais, dans la société, les choses bougent. Je suis optimiste : les jeunes y arriveront."

Source Courier International

mardi 13 janvier 2009

Gaza. « Même la vie des chiens n’est pas aussi dure… »

Gaza . L’offensive de l’armée israélienne s’est encore intensifiée hier, provoquant toujours plus de morts et de destructions. Au moins 900 Palestiniens ont été tués dont près de 300 enfants.

C’est à la nuit tombée que la peur oppressante qui vous colle à la peau devient plus insupportable encore. Sous les bombes israéliennes les immeubles s’enflamment. Celles au phosphore blanc qui sont utilisées, éclatent en filaments destructeurs, sectionnant les membres des populations visées. « Les bombardements n’ont pas arrêté. Ils ont particulièrement tiré avec les chars et utilisent des bombes au phosphore blanc », témoigne Zoher depuis le sud de la bande de Gaza. « C’est très dangereux. Les gens qui habitent les frontières du côté de l’est de Khan Younès, à côté de la frontière israélienne, sont particulièrement touchés par le phosphore blanc. Il y a beaucoup de blessés. Ils ne peuvent pas respirer correctement. » Depuis dix-sept jours lui et sa famille n’ont pas un moment de répit. « On se recroqueville dans le coin d’une pièce et on écoute les avions. À chaque fois on se demande si notre dernière heure n’est pas arrivée, si ça ne va pas nous tomber dessus. Même la vie des chiens n’est pas aussi dure. »

Hier, les forces israéliennes ont progressé plus en profondeur dans les zones urbaines de la bande de Gaza, épaulées par les blindés qui pénétraient dans les quartiers. « Dimanche soir, des fumées d’explosions se sont élevées au-dessus de la ville de Gaza, tandis que des tirs nourris résonnaient au sud de l’agglomération. Ce matin, des navires de guerre israéliens ont envoyé plus de 25 obus sur la ville et sur les camps de réfugiés, provoquant de nombreux incendies », explique Walid Al Awad qui vit dans Gaza.

« Dans la nuit de dimanche à lundi, les chars israéliens ont tenté de pénétrer dans la ville mais ils n’y sont pas arrivés. » Ils laissent néanmoins derrière eux des dizaines de corps, particulièrement à Zeitoun, à Beit Lahyia mais aussi plus au sud. Quinze Palestiniens ont été tués dans la matinée dans des raids ou par des obus de chars israéliens, ou ont succombé à leurs blessures, portant à 905 le bilan des Palestiniens tués par l’offensive israélienne, entrée dans sa 17e journée, selon le chef des services d’urgence à Gaza, Mouawiya Hassanein. Parmi les morts, figurent 277 enfants, 95 femmes et 92 personnes âgées, a-t-il précisé. Plus de 3 950 Palestiniens ont en outre été blessés dans les attaques israéliennes depuis le début de l’offensive le 27 décembre. Treize Israéliens, dont dix soldats, ont été tués au cours de la même période.

« Rien de changé depuis le début »

« Comme si ça ne suffisait pas, ils bombardent des places vides et disent qu’il y a des bases d’où la résistance palestinienne envoie les roquettes Kassam », dénonce Zoher. « Rien de changé depuis le début. Les Israéliens ne respectent même plus le cessez-le-feu de trois heures. On a entendu de fortes détonations. Les chars ont avancé dans la nuit et se sont positionnés à quelques mètres en zone palestinienne. Ils sont venus avec les bulldozers, arrachent les arbres, détruisent les maisons. »

L’armée israélienne a également effectué une incursion dans la localité de Khozaa, près de Khan Younès dans le sud du territoire, où elle a détruit 35 maisons. Interdisant aux journalistes de pénétrer dans ces zones, l’armée israélienne en profite pour développer sa propagande. Une porte-parole militaire, le commandant Avital Leibovitch, se répand complaisamment en accusant les Palestiniens d’avoir truffé de bombes artisanales et de chausse-trappes les quartiers d’habitation, et parle de mannequins à l’entrée des appartements qui ont l’allure de combattants palestiniens et explosent à l’approche des militaires israéliens. Le but est clair. Pas un mot en revanche sur les témoignages de plus en plus horribles qui parviennent de la bande de Gaza. « Il n’y a pas d’électricité dans certaines zones depuis dix jours », dénonce Zoher qui doit lui-même se débrouiller avec des appareils de fortune. « Pour les civils c’est très dur. On manque de farine, de pain. Les Israéliens ont tapé sur les hangars où c’était entreposé. »

Que va-t-il maintenant se passer ? L’arrivée des réservistes israéliens ne plaide pas pour une fin rapide de l’offensive. Israël a aussi reporté la visite d’un de ses émissaires en Égypte qui devait y discuter d’un cessez-le-feu. Si les Palestiniens de Gaza sont martyrs en Israël, tout se passe comme si de rien n’était. L’information du bombardement d’une école de l’ONU, la semaine dernière, qui a fait plus de trente morts, a par exemple été reléguée en page 8 du Yediot Aharonot. Les chaînes de télévision diffusent leurs programmes habituels. L’enfer, c’est chez les autres

DES BOMBARDEMENTS TRÈS INTENSES

Le dirigeant du Hamas Ismaïl Radouane a précisé que son groupe n’envisagerait pas un cessez-le-feu avant qu’Israël ne suspende ses attaques et se retire de Gaza. Il a demandé l’ouverture de tous les points de passage, spécialement celui de Rafah avec l’Égypte. Mais les plans militaires israéliens dans la bande de Gaza prévoient, entre autres scénarios, l’occupation de l’étroite bande de terre qui sépare le territoire palestinien de l’Égypte, appelé le couloir de Philadelphie. Les bombardements ont été particulièrement intenses. Une telle option serait particulièrement grave et représenterait un camouflet pour les Occidentaux qui, une fois de plus, parlent d’une prochaine sortie de crise alors qu’Israël cherche avant tout à terminer le travail.

Or, si l’on prend au mot les raisons du déclenchement de cette agression, le but n’est toujours pas atteint puisque la résistance palestinienne continue à lancer des roquettes. Une action plus symbolique qu’autre chose. En attendant, « la nuit sera dure », prévient Walid Al Awad. Il a participé à une réunion de plusieurs organisations palestiniennes (il représente lui-même les communistes du PPP) pour étudier la situation politique et humanitaire. « Il y a de plus en plus de gens qui n’ont aucun endroit où dormir soit parce que leurs maisons ont été détruites, soit parce qu’ils ont fui les zones de combat », souligne-t-il.

Source L'Humanité

dimanche 11 janvier 2009

Patrice Emery Lumumba 1925-1961 Héros national

Né le 2 juillet 1925, à Onalowa, territoire de Katako-Kombe,
dans le district du Sankuru, au nord du Kasaï, Patrice Lumumba est le cadet d'une famille de quatre enfants vivant pauvrement de revenus agricoles, amputés par les impôts de l'administration coloniale. Il va à l'école missionnaire catholique où il a été baptisé. Il travaille si bien qu’il abandonne les missionnaires catholiques pour passer dans une école protestante, tenue par des Suédois. En 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale, il est déjà un de ceux qu’on appelle les "évolués", une minorité d’individus ayant bénéficié d’une éducation "moderne" et intellectuellement privilégiés. Il faut pourtant attendre les années cinquante et la découverte des villes - Stanleyville, future Kisangani, et Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa - pour que l'adolescent, puis l'adulte, entré dans l'administration des postes et marqué par le racisme ambiant, commence à rêver d'indépendance et à militer activement au sein des associations des« évolués », embryon d'une première élite africaine.

Il commence, trè tôt, à s’intéresser à la politique. Après avoir suivi avec beaucoup d'attentions la décolonisation de l'Inde, en 1948, le vent des indépendances qui secoue l'Afrique au début des années 50 (Lybie en 1951, Maroc, Soudan et Tunisie en 1956, Ghana en 1957 et Guinée en 1958) ne laisse pas le syndicaliste Lumumba indifférent. En septembre 1954, il reçoit sa carte "d’immatriculé" : le détenteur de cette carte qui est une invention de l’administration coloniale est supposé vivre à "l’européenne", avoir de bonnes mœurs et de bonnes conduites. 217 cartes seront distribuées jusqu’en 1958 (sur 13 millions de congolais!). En 1955, Lumumba qui écrit depuis 1951 dans divers journaux existants crée une association L’APIC (association du personnel indigène de la colonie), profitant du relatif espace de liberté laissée par l’administration coloniale dans le domaine associatif, qui est apolitique. Il participe, En 1956, à la conférence du mouvement des Non-Alignés de Bandoeng en qualité d'observateur. En octobre 1958, Lumumba fonde le Mouvement national congolais (unique parti à caractère national à l'époque), avec Stanleyville (Kisangani) comme fief. Lumumba participe la même année à la conférence d'Accra et prend contact avec les personnalités les plus influentes du monde africain, comme Kwamé N'Krumah et Nasser. Dès lors, l'indépendance du Congo belge devient inévitable. A la suite des émeute du 4 janvier 1959, sur la place de la Victoire, à Kinshasa, le Roi Baudouin 1er promet, dans une allocution radiodiffusée, le 13 janvier 1959, "de conduire, sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée les populations congolaises à l'indépendance, dans la prospérité et la paix".


En octobre 1959, le MNC organise une réunion unitaire à Stanleyville avec d’autres partis qui sont d’accord pour réclamer l’indépendance immédiate et inconditionnelle. La foule congolaise qui assiste à la réunion manifeste son approbation. Les forces de l’ordre interviennent, essayant d’arrêter Lumumba. Ne pouvant y arriver, elles tirent dans le tas, faisant 30 morts. Deux jours plus tard, Lumumba est arrêté pour avoir appelé à la désobéissance civile et au boycott des élections organisées par le pouvoir colonial tant qu’une décision n’est pas prise pour la formation d’un gouvernement congolais. Le procès se déroule du 18 au 21 janvier, et il est condamné à 6 mois de prison. Début 1960, le 11 janvier, une table ronde réunissant les différents acteurs congolais impliqués dans l’indépendance et le gouvernement belge est prévue pour...le 20. Lumumba qui est toujours emprisonné ne peut donc y participer. Les délégués du MNC refusent de participer aux travaux en l'absence de leur leader. Malgré les oppositions internes, les différentes parties congolaises en présence exigent la participation de Lumumba à la conférence. Ce dernier arrive à Bruxelles le 26. A la table ronde, la date de l’indépendance est fixée au 30 juin et les congolais sont les premiers surpris de ce succès qu’ils n’attendaient pas. En mai 1960, les élections législatives sont remportées par le MNC (Mouvement National Congolais), présidé par Lumumba, qui devient ainsi le tout premier Premier ministre et chef du gouvernement, tandis que Kasa-Vubu est désigné Président de la République par le Sénat du jeune Etat dont l'indépendance est proclamé le 30 juin 1960. Le premier ministre Lumumba préconise la préparation de l’élite à assurer les affaires publiques afin de gagner l'indépendance économique, à continuer le processus de démocratisation, à implanter la déclaration des droits de l’homme et à sortir du néocolonialisme par la non-violence. Le 11 juillet 1960, aidé par les parachutistes belges, Moïse Tshombe, proclame la sécession du Katanga. Le 9 août 1960, Kalonji Mulopwe (l'ami personnel de Tshombe) annonce la sécession du Sud-Kasaï. Lumumba et Kasa-Vubu en appellent aux Nations unies qui envoient des casques bleus pour assurer la paix. Lumumba rompt les relations diplomatiques avec la Belgique.


Après son voyage aux États-Unis et au Canada, pour la troisième résolution du conseil de sécurité sur le Congo, Lumumba somme les Nations unies à réduire la sécession katangaise. En septembre 1960, Kasa-Vubu révoque Lumumba. Ce dernier juge illégal et nul le geste du président de République, avant de le révoquer a son tour. Le colonel Mobutu, alors chef d'Etat-Major général des Forces armées (nommé à ce poste par Lumumba), fera son tout premier coup d'Etat militaire en déclassant Kasa-Vubu et Lumumba pour installer un gouvernement des Secrétaires généraux. En décembre il fait arrêter Lumumba qui est transféré au camp militaire de Thysville (Mbanza Ngungu). Le 17 janvier 1961, Lumumba est placé dans un avion et envoyé à Bakwanga, escorté par Mukamba et Kandolo, pour son élimination physique par son ennemi Kalonji. Ce dernier ayant refusé à l'avion d'atterrir, Lumumba est transféré au Katanga ou il sera exécuté le soir même. Le lendemain, une opération sera menée pour faire disparaître les restes de la victime. Le 14 février 1961, Tshombe déclara que Lumumba venait d'être abattu, ce jour-là, à la suite d'une tentative d'évasion de la prison d'Elizabethville, lui et ses compagnons. Les jours suivants, plusieurs lumumbistes, ou des gens pris pour tels, seront exécutés, un peu partout à travers le pays.


Lumumba était détesté de son vivant aussi bien par les puissances occidentales, qui l'accusaient d'être communiste, que par leurs pantins, leaders politiques congolais. Mais, il fut unanimement regretté après sa mort. Un symbole anticolonialiste venait de mourir. Cela fit un tel scandale au pays et dans le monde que Mobutu, celui-là même qui l'a livré, le proclama, en 1966, héros national.


Lumumba fut le symbole de la lutte anti-coloniale.Il désirait instaurer pour le futur Congo indépendant:- L'unité nationale congolaise- Le pluralisme politique- partisan du panafricanisme et du non alignement.


La mort de Patrice Lumumba : Chronologie


23 juin 1960 : M. Lumumba présente son gouvernement d’union nationale à la Chambre. L’investiture est votée par 74 voix sur 137 membres.


24 juin 1960 : Investiture au Sénat par 60 voix contre 12 et 8 abstentions.


29 juin 1960 : Signature du traité d’amitié avec la Belgique.


12 juillet 1960 : Premier appel du président Kasa-Vubu et Lumumba à l’aide militaire de l’Onu.


14 juillet 1960 : Décision commune de Kasa-Vubu et Lumumba concernant la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique.


5 septembre 1960. Rupture entre le chef de l’Etat Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba.


12 septembre 1960. Arrestation de Premier ministre Lumumba par la gendarmerie suivie d’une mise en liberté sur ordre du commandant de l’Anc.


14 décembre 1960. Neutralisation des chefs politiques par le colonel Mobutu. Menacé par des militaires baluba du Kasai, Lumumba sollicite la protection de l’Onu. Le même jour, Kasa-Vubu et Iléo prient l’Onuc d’arrêter M. Lumumba. L’Onuc s’y refuse.


19 septembre 1960. Proclamation du Collège des Commissaires. Echec des essais de réconciliation entre Kasa-Vubu et Lumumba.


10 octobre 1960. Lumumba est obligé de se terrer dans sa Résidence (contrôle Anc et protection de l’Onuc). Des représentants de l’Anc produisent à l’Onuc un mandat d’arrêt contre Patrice Lumumba, député).


11 octobre 1960. Arrestation de M. Finant, président du gouvernement provincial de la province Orientale par l’Anc, Mobutu. L’Anc tente d’arrêter Lumumba à Léopoldville.


14 octobre 1960. Arrivée de Gizenga à Stanleyville.


12-13 novembre 1960. Gizenga contrôle la situation à Stanleyville.


27 novembre 1960. Lumumba quitte sa résidence de Léopoldville vers 22 heures, annonce « un voyage à caractère strictement familial de durée limitée » et cherche à gagner Stanleyville. MM. Gbenye, Mbuy, Mpolo, Kashamura, Okito, Mujanay quittent Léopoldville au cours de la même nuit.


29 novembre 1960. La présence de Lumumba est signalée dans la région de Kikwit. Les recherches sont dirigées par M. Gilbert Pongo, inspecteur de la sûreté, qui bénéfice d’un avion piloté par un spécialiste des vols de reconnaissance à basse altitude.


30 novembre – 1er décembre 1960. Arrestation des compagnons de fuite de Lumumba, puis du Premier ministre, près de Mweka; avec l’appui de l’administration territoriale locale. Les militaires de Port-Francqui (Ilebo) envoyés à Bulona-Mweka menacent de tuer leur prisonnier si Léopoldville ne les prend pas en charge dans les quatorze heures. Invité à transférer M. Lumumba au Katanga, Pongo applique les instructions de son chef, Nendaka, et assure le transfert à Léopoldville. Avant le transfert, les prisonniers sont molestés.


5 décembre 1960. A 17 heures, un avion d’Air Congo débarque Lumumba et ses compagnons à Ndjili. Maltraités par des soldats et par des témoins les prisonniers sont conduits au camp Kokolo.


3 décembre 1960. Transfert des prisonniers au camp Hardy à Thsysville (Bas-Congo) sous forte escorte; intervention de M. Hammarskjöld (secrétaire général de l’Onu) auprès de M. Kasa-Vubu (répétée le 5 décembre) pour le respect de la légalité et des règles universelles d’humanité dans l’affaire Lumumba.


7 décembre 1960. Dans sa réponse à M. Dag Hammarskjöld, Kasa-Vubu promet un déroulement correct du procès de Lumumba et prie les pays étrangers de « cesser toute campagne, toute agitation, toute intervention en faveur de Lumumba ».


4 janvier 1961. Lettre de Lumumba à Dayal de l’Onu décrivant « les conditions absolument impossibles et contraires à la loi » de sa détention.


8 janvier 1961. Pongo, prisonnier à Stanleyville, propose l’échange des militaires de l’Anc-Mobutu prisonniers et de lui-même contre la libération de MM Lumumba, Fataki et Finant. L’autorité civile locale de Thysville souhaite un transfert de M. Lumumba vers une autre localité.


9 janvier 1961. A Léopoldville, projet de transfert de Lumumba au fort de Singa (Boma).


13 janvier 1961. Remous parmi les mitaires de Thysville pour une question de soldes. MM. Kasa-Vubu, Bomboko, Nendaka et le colonel Mobutu se rendent sur place. Les prisonniers (sauf M. Lumumba) manifestent pour voir le chef de l’Etat et parviennent à sortir momentanément des pièces où ils sont enfermés. Lumumba reste dans sa cellule. Selon certains témoignages, celle-ci aurait été ouverte par un militaire, mais l’agitation qui régnait dans le camp et la présence de groupes hostiles persuadèrent Lumumba de ne pas la quitter.

17 janvier 1961 : Assassinat de Patrice-Emery Lumumba et ses compagnons


Biographie source diverse.


jeudi 1 janvier 2009

Non à la discrimination positive

Le Président de la République a prononcé le 17 décembre à l’École Polytechnique (fichier PDF) un discours fort inquiétant sur la « diversité » et la « discrimination positive ».Constatant, après cent autres, que les « élites » françaises sont singulièrement homogènes si on les compare à la population générale, il se propose de favoriser le « métissage », pour éviter que notre société ne devienne une « mosaïque de communautés repliées sur elles-mêmes ».Ce faisant, il se trompe à la fois sur les buts et sur les moyens.Sur les buts, tout d’abord. On voit mal en effet au nom de quoi il faudrait absolument favoriser le « métissage ».

Il paraît que c’est le défi que le XXIe siècle adresse à la France. Mais enfin, tout cela sent la pétition de principe à plein nez. D’ailleurs, les sociétés les plus métissées n’ont jamais relevé un quelconque défi en ce sens. Un pays comme le Brésil est un pays métissé parce que l’histoire de sa colonisation a fait qu’un grand nombre de colons européens ont choisi des femmes indigènes, pour la simple et bonne raison que les Européennes étaient fort rares.

Personne n’a entendu dire que le roi du Portugal ait annoncé son intention de relever le formidable défi du métissage que le XVIe siècle adressait à son royaume !En outre, ce métissage à marche forcée est contradictoire avec l’apologie que l’on nous fait sur tous les tons de la gamme en faveur de la diversité. Les conseillers de M. Sarkozy ne semblent pas avoir pensé que le métissage uniformisait.

Ce qui relève pourtant du plus simple bon sens !Personnellement, je ne vois pas non plus en quoi la diversité serait un bien en soi. Il me semble qu’elle peut être une richesse, si elle est correctement gérée (c’est-à-dire s’il est possible aux nouveaux arrivants de s’intégrer à la culture du pays d’accueil), ou un danger. Mais, en tout cas, si la diversité est un bien, c’est que le métissage est un mal !À côté de l’erreur sur les buts, il y a l’erreur plus immédiate, l’erreur politique sur les moyens. Non, la discrimination positive n’est pas une bonne méthode pour faciliter l’intégration des immigrés dans la société française. Elle est en revanche une bonne méthode pour désintégrer la société française. Il est d’ailleurs tragiquement comique de constater que la France y vient quand le pays d’origine de la discrimination positive, les États-Unis, l’abandonne progressivement, conscient de l’échec cuisant qu’elle représente.

Pourquoi cet échec ? D’abord, parce qu’il ne suffit pas d’être nommé membre de « l’élite » pour en faire partie. Si vous nommez un préfet d’origine camerounaise en insistant lourdement sur l’origine pour bien montrer le « volontarisme républicain », vous empêchez tout simplement que cet homme ait la moindre chance de s’intégrer au corps préfectoral. Sans parler de l’insulte implicite pour les personnes d’origine camerounaise. Là aussi, on rougit de rappeler ce b-a ba de la psychologie humaine.Il n’existe à ma connaissance qu’une seule solution pour favoriser le brassage des élites : la sélection par le mérite. Si, par l’enseignement et la sélection, vous permettez l’ascension d’une élite issue de l’immigration, vous tirerez vers le haut toutes les populations issues de l’immigration. Si vous installez la discrimination positive, vous créez une sorte de pseudo-droit à être préfet, général ou ambassadeur et ce pseudo-droit va accroître les revendications des immigrés et le ressentiment des populations « de souche », sans même parler des jalousies intra-communautaires (pourquoi a-t-il été choisi pour Sciences Po et pas moi ?).

Or, on refuse avec obstination depuis les années 1970 d’avoir des diplômes sélectifs. On refuse donc d’une part à la France d’avoir des élites de qualité et d’autre part aux Français les plus faibles et aux Français issus de l’immigration toute possibilité d’accès à l’élite.Décidément, il est impossible de se tromper plus lourdement !J’ajoute que la discrimination positive et le culte de la diversité et du relativisme culturel sont également un crime contre la culture française. Car il existe une véritable discrimination positive : celle qui, en France, préfère la culture française à toute autre culture.Mais cette « discrimination positive » a été jugée une fois pour toutes comme relevant de la xénophobie et du racisme. C’est absurde pour toute culture. Plus absurde encore s’agissant de l’universalisme de la culture française. Mais c’est ainsi.La France, sa population d’origine et les immigrés devraient crier ensemble contre la politique discriminatoire de Nicolas Sarkozy. Au lieu de cela, on n’entend qu’un silence assourdissant…

D'après un article du site les 4 vérités hebdo.