mardi 20 janvier 2009

La diversité en politique progresse au niveau local

Àl'heure de l'investiture de Barack Obama, le retard de la France en matière de diversité en politique apparaît criant : parmi les élus de la métropole, seuls trois députés sur 555 (soit 0,54 %) et quatre sénateurs sur 305 sont issus des minorités visibles. Au niveau local la diversité progresse. Parmi les dix premières villes de France, souligne une note de l'Institut Montaigne publiée mercredi 21 janvier, seule Bordeaux n'a pas d'adjoint issu de la diversité dans son conseil municipal. Avec 13,84 % d'élus des minorités, Strasbourg a le conseil le plus divers, devant Lille (11,47 %) et Montpellier (11,47 %).

Mais au-delà des conseillers et adjoints municipaux, plus les responsabilités s'accroissent, plus la proportion s'amenuise. "Les partis au niveau local ont intégré la diversité : les sections sont diverses, et même dans les scrutins de liste on trouve des noms de toutes origines, mais lorsque la question du pouvoir se pose pour les postes de maire, conseiller général, député, la situation est bloquée", observe le sociologue Vincent Geisser, auteur avec Yamine Soum de Discriminer pour mieux régner, enquête sur la diversité dans les partis politique (L'Atelier, 2008). "Le blocage ne vient pas de la base mais des appareils qui restent dominés par la figure de l'homme "blanc" d'une cinquantaine d'années."

La secrétaire d'Etat à la ville Fadela Amara en sait quelque chose : lors des élections cantonales en 2001, elle a maintenu sa candidature interne au PS malgré les pressions exercées par les instances du parti pour laisser la place à l'un des vice-présidents socialistes sortant du conseil général. Sa victoire a provoqué un tel "scandale" qu'elle a fini par laisser tomber. "Les instances dirigeantes du PS ont vassalisé les enfants de l'immigration, considérant cet électorat comme acquis à la gauche. Leur surmoi marxiste est tellement fort qu'elles pensent le bien pour le peuple et ne comprennent pas qu'une personne de la diversité puisse proposer de se présenter comme n'importe qui d'autre", lâche-t-elle aujourd'hui convaincue que c'est par la base qu'il faut passer pour faire évoluer le sommet.

A droite, les candidatures issues de la diversité restent encore "suspectes", dit Emmanuel NJoh : bien qu'investi par l'UMP, lui s'est retrouvé aux dernières élections municipales à Vitry-sur-Seine en face de trois autres candidats de droite, tous trois élus sortants, sans que ni les instances fédérales, ni les instances nationales ne lèvent le petit doigt. "Résultat, Vitry est la seule ville du 94 qui n'ait aucun élu de la majorité, alors qu'il y en avait huit avant", relève M. Njoh, arrivé en tête des quatre listes de droite.

"SUR LE TERRAIN"

De plus en plus de voix s'élèvent pour demander à repenser le mode de désignation des candidats en instaurant un système de primaire, ouvert à l'électorat non encarté. "Le choix du candidat ne dépendrait plus alors de l'appareil politique mais reposerait sur un vote au suffrage universel direct. Cela favoriserait le renouvellement des candidats et les vainqueurs bénéficieraient d'une légitimité inconstatable, ce qui aurait pour effet de limiter les candidatures dissidentes", souligne Eric Keslassy, auteur de la note de l'Institut Montaigne. " La légitimité, on se la construit sur le terrain", insiste Farid Bounouar, candidat PS aux cantonales de 2008 à Gennevilliers, fief historique du PCF. Il s'est présenté face à un communiste en dépassant le dernier meilleur score socialiste datant de... 1967.

Tous les intéressés sont d'accord : l'électorat est prêt. Ils souhaitent simplement être considérés comme les autres. "Ni plus ni moins", relève Jean-Claude Beaujour tête de liste de l'UMP dans le 20e arrondissement de Paris, un quartier "plus coloré" que celui où il s'était implanté. "Il faut arrêter l'assignation identitaire", relève-t-il.

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