jeudi 13 décembre 2007

Municipales : les élus ultramarins montent au créneau

Table ronde

Après l’AMEDOM, une association regroupant les élus originaires de l’outre-mer, un comité d’élus ultramarins a été mis sur pied. L’instigateur de cette initiative, Patrick Karam, l’actuel délégué interministériel à l’égalité des chances des français d’outre-mer, ambitionne de fédérer ces élus pour en faire une force de frappe aux prochaines municipales et permettre à de nouveaux prétendants ultramarins d’investir les mairies de leurs cités.
Ils sont venus de Mantes-la-Jolie, de Paris, de Stains, de Villepinte, de Sarcelles, de Paroy, de Gagny ou de Créteil, mais aussi de Drancy, de Montfermeil et de Clichy-sous bois - la ville d’où sont parties les émeutes de novembre 2005 - pour assister à la première réunion de lancement du comité des élus d’outre-mer présidé par l’omnipotent Patrick Karam, le délégué interministériel à l’égalité des chances des français d’outre-mer sur le sol hexagonal. Une réunion de lancement destinée à mieux se connaitre et à désigner les membres du bureau. Toutes tendances politiques confondues, hormis le front national, les élus confirment ou affirment leurs désirs et ambitions pour la prochaine campagne municipale ou cantonale dans leurs cités et au sein de leurs partis respectifs. Il faut, tôt ou tard, bouleverser les mentalités pour changer la vie démocratique de ce pays et faire rentrer un peu de diversité dans la vie de la cité. Alors, le délégué interministériel, à l’initiative de la création de ce comité, assure : "Ensemble, nous allons changer la vie de nos compatriotes venant de l’outre-mer vivant ici ». Le pari est audacieux mais jouable. Car tous ses enfants de l’outre-mer s’engageant pour l’amélioration de leur environnement, sont des citoyens et méritent une place et de la reconnaissance dans le débat public.

Janine Maurice-Bellay : Conseillère régionale d’ile-de-France


Un nécessaire représentativité des ultramarins
La création du comité des élus des originaires d’outre-mer en Métropole est destinée à permettre aux originaires d’outre-mer à prendre toute leur place et y compris politique au sein de la société française. Ce comité réunira une fois par mois ses membres qui donneront leur avis, et débattront sur les problématiques des ressortissants de l’outre-mer. Déjà, certains lancent un appel aux partis politiques et font savoir que l’exigence d’égalité passe par les ultramarins. Car il y a une classe politique à faire émerger qui provient des îles de la France du grand large. Aujourd’hui, la vigilance est de mise. Il faut une vraie représentativité des ultramarins dans l’Hexagone.


Il y a un outil qui a vu le jour avec Patrick Karam. C’est une petite tentative de considération. Il faut qu’on prenne toute notre part là dedans parce qu’enfin ça existe. La première rencontre a été très révélatrice et nous sommes en train d’apprendre à nous connaître. L’idée est de se rencontrer assez souvent, de faire des propositions pour que ce comité puisse exister et d’avoir un œil sur les prochaines élections de 2008. Nous, les élus ultramarins de Métropole, nous sommes transparents voire inexistants aux yeux des médias et des institutions. Nous devons faire un petit pas pour nous faire entendre. Faisons-le ensemble, ce premier petit pas. Je pense que chacun de nous pourra mettre sa casquette politique de côté et porter la couleur de l’outre-mer car nous avons une particularité, nous sommes originaires de l’outre-mer.





Pierre Pluton : Maire de la commune de Evry-Grecy-sur Yerres en Seine-et-Marne

Je suis élu dans une commune où il y a très peu d’originaires de l’outre-mer. Mais, je souhaite que ce comité permette de faire bouger les choses. Je pense surtout que cela suscitera des vocations chez les jeunes de la communauté ultramarine qui se disent aujourd’hui qu’ils ne peuvent pas être maire ou conseiller municipal. Dans ma commune, je tiens compte de la diversité qui est en place et des idées qu’elle véhicule.






Jean-Claude Gautry : Maire de la commune de Paroy en Seine-et-Marne

C’est une très bonne chose que la création de ce comité. Nous, les élus d’origine ultramarine, on nous ignore complètement. Il y a plein de mes compatriotes qui ne savent pas que je suis maire et j’irai plus loin, je constate que, même les élus d’outre-mer eux- mêmes, ne savaient pas qu’il y avait des élus ultramarins élus en métropole.

Georges Aurore : Maire- adjoint de Créteil et président de l’AMEDOM

Le comité est le prolongement de ce que nous faisons. Par le biais du comité, nous pourrons, avec l’appui du délégué interministériel à l’égalité des chances des français d’outre mer, Patrick Karam, aller en haut lieu porter la parole et les problèmes que nous rencontrons. C’est un plus pour nous. Nous mettons en place une structure qui permettra d’aller beaucoup plus loin. La place du président de l’AMEDOM doit se trouver au sein du comité et non en dehors. La politique ultramarine n’avait pas les moyens pour rayonner. Depuis vingt ans, nous avons la tête dans le guidon. Maintenant, nous n’avons pas le droit de décevoir. Cette structure arrive à point nommé.

Patrick Karam : Délégué interministériel à l’égalité des chances des français d’outre-mer

Pour trois raisons qui étaient intolérables, il fallait avoir une structure telle que celle-ci. Lors qu’on parle de sujet comme l’écologie, on consulte les associations et leurs représentants. Lorsqu’on parle des victimes d’accidents de la route, on consulte les associations et leurs représentants. Et, lorsqu’on parle des domiens et tomiens de métropole, on ne consulte personne. Surtout, on ne consulte pas les élus qui ont leur légitimité émanant de leur mandat. On ne tient absolument pas compte de leurs opinions. C’est une vraie injustice qu’il m’appartient aujourd’hui de réparer. Il est naturel que je les consulte, mais au-delà de la consultation, je les associe au travail que je vais mener. Ils seront informés des détails de mon programme et ils pourront l’amender et apporter leur amélioration. Les originaires de l’outre-mer élus sur le territoire métropolitain ont une tâche importante. Il faut s’assurer que les intérêts de la communauté ultramarine soient représentés au niveau électif. Il était absolument paradoxal, qu’au moment où l’on parle de diversité, on oublie qu’il existe des élus originaires d’outre-mer, et que ce concept de diversité soit réservé aux français d’origine étrangère. Oui, la diversité de la France, c’est aussi l’outre-mer. Tous ces élus originaires d’outre-mer sont des éléments majeurs de ma politique.


Vendredi 28 septembre 2007 par Alfred Jocksan





































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