samedi 26 janvier 2008

Les femmes en Inde


« Si la non violence est la loi de la nature humaine, alors l’avenir appartient aux femmes », Gandhi.
En Inde, si les lois sont très favorables aux femmes, elles continuent d’être considérées dans la pratique comme des citoyennes de seconde zone, quand on ne leur refuse pas tout simplement le droit de naître... Pendant trois mois, nous vous proposons de partir à la rencontre des femmes indiennes, dans toute la diversité de leur condition.

Aujourd’hui, les Indiennes peuvent être artistes ou scientifiques, faire des études ou de la politique. L’Inde est un des pays à la législation la plus favorable aux femmes, notamment grâce à Nehru, qui était hostile à toute discrimination entre les hommes et les femmes. Divorce, salaire, héritage... La loi garantit depuis très longtemps l’égalité des Indiens et des Indiennes. Et pourtant, selon un rapport de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) publié en 2004, l’Inde « est le premier pays du monde pour le nombre de femmes soumises à un statut très inégalitaire par rapport aux hommes. »
Étrange paradoxe que les chercheurs Christian Morrisson et Silke Friedrich, de l’OCDE, commentent ainsi : « Il y a une contradiction entre le cadre juridique « moderne » et la condition réelle des femmes, ce qui pose un problème social d’application des lois. D’habitude on explique les inégalités entre hommes et femmes par le cadre juridique et on propose de nouvelles lois pour les faire disparaître. Mais en Inde ces lois ont été votées depuis plusieurs décennies sans que la condition de la femme change significativement dans la partie nord du pays et avec des progrès limités dans le sud.
Le rapport des deux chercheurs montre que les femmes sont discriminées pour l’accès à l’éducation et aux services de santé. 39% d’entre elles font des mariages précoces (avant l’âge de 19 ans) et 52 % n’ont pas accès au contrôle des naissances. Difficile du coup pour les jeunes mères de famille de trouver un emploi : les femmes ne représentent que 17% des salariés. Pire encore, malgré les lois qui prohibent ces coutumes dégradantes, de nombreuses indiennes continuent d’être contraintes « au sati (le suicide de la veuve), à la purdah (la réclusion volontaire à vie au domicile familial), à l’infanticide des filles ou à la prostitution dans les temples dès la puberté. » Et toutes, ou presque, à la pratique de la dot, qui oblige les parents à verser des sommes souvent considérables à la future belle-famille de leur fille.
Selon les projections de l’ONU, l’Inde devrait devenir le pays le plus peuplé du monde, et donc dépasser la Chine, en 2035. Mais combien de femmes comptera-t-il ? Le pays possède en effet la proportion la plus basse de femmes, avec 93,3 femmes pour 100 hommes, contre 105 pour 100 en moyenne dans le reste du monde. Désormais en effet, on n’élimine plus les filles après la naissance, mais avant.
À travers une série d’articles, de portraits, d’interviews de spécialistes et de femmes indiennes, nous tenterons de dresser un portrait de la condition féminine en Inde. Car comme le disait Nehru, « on peut juger l’état d’une nation d’après la condition de ses femmes ».

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