samedi 26 janvier 2008

Une double discrimination



L’Inde a ratifié avec réserve la Convention des Nations unies sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Etat des lieux au pays des épices, où il ne fait pas bon naître femme.

Il est dangereux de cuisiner en Inde. Cinq milles femmes meurent chaque année dans l’incendie de leur cuisine – soit 12 à 14 femmes par jour. C’est du moins ce que veulent faire croire leurs maris, qui déguisent leurs meurtres en accidents domestiques. Dot insuffisante, crime d’honneur, adultère : leurs mobiles sont nombreux. Sans toujours aller jusqu’à l’assassinat, les Indiens ne manquent pas d’inventivité pour sévir. Coups, obligation de se dévêtir et viols sont légion dans des Etats comme l’Uttar Pradesh ou le Rajahstan.
Le sort de la femme indienne dépend de sa caste. Naître femme suffit à être mis au ban de la société. Mais naître femme dalit (opprimée) ou adivasi (aborigène) aggrave leur condition.
Pas de justice pour les femmes
A l’échelle locale, les responsables continuent d’ignorer les plaintes et d’étouffer les affaires. Au Gujarat, ni le gouvernement ni la justice pénale n’ont reconnu les agressions faites contre les femmes musulmanes lors des violences de 2002. Des témoins ont pourtant affirmé que nombre d’entre elles avaient été battues, déshabillées de force, soumises à des viols collectifs ou encore mutilées avant d’être brûlées vives par des foules hostiles. Beaucoup de femmes n’ont pas porté plainte. La réprobation sociale associée aux agressions sexuelles, la lourdeur de la procédure pénale, les menaces les incitent à se taire ou à se rétracter.
Le gouvernement indien a essayé de faire évoluer les esprits vers plus d’humanité à l’égard des femmes. Mais il est freiné par le poids des traditions qui sont encore bien trop puissantes : 200 femmes sont tuées chaque année pour sorcellerie.

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