samedi 26 janvier 2008

Les mariages arrangés dans les communautés indienne et pakistanaise d’Oxford

Les mariages arrangés dans les communautés indienne et pakistanaise d’Oxford
PRESENTATION

Amnesty International considère que 95% des mariages célébrés en Inde sont arrangés. Cette tradition perdure dans les communautés indienne, mais également pakistanaises, qui vivent à l’étranger. Le comté d’Oxford, en Angleterre, comptait l’année dernière 3 000 ressortissants indiens (soit 12% de la population) et 5 000 pakistanais. Selon les services sociaux du comté, une vingtaine de mariages serait arrangés chaque année à Oxford ou à l’étranger. En Angleterre, l’aide des Southall Black Sisters est sollicitée chaque année dans 200 affaires de mariages forcés. Cette organisation féministe milite depuis 1998 contre les mariages forcés.


Mariages arrangés, mariages forcés : existe-t-il une différence ? C’est à cette question que nous avons essayé de répondre en nous rendant dans le comté d’Oxford en septembre 2006. Nous y avons recontré des travailleuses sociales et une jeune femme d’origine pakistanaise, Sairah (lien), qui s’apprêtait alors à se marier avec un cousin éloigné. D’une communauté à l’autre, d’une religion à l’autre, la liberté laissée aux enfants dans leur vie sentimentale varie. Toujours est-il que les parents gardent la main mise sur le mariage de leurs enfants. En Angleterre, les Southall Black sisters luttent depuis 1998 contre tout type de mariages arrangés. Pour cette organisation féministe, les mariages arrangés rentrent dans la catégorie des mariages forcés. Il existe pourtant des différences selon les communautés d’origine.

"Les parents veulent seulement que leurs enfants soient heureux." Mme Gurm est médiatrice culturelle pour les communautés asiatiques à Oxford. Pour elle, un mariage arrangé n’est pas comparable avec un mariage forcé. "Les parents présentent à leur fille ou à leur fils différents jeunes gens qu’ils jugent convenables. Libre à elle ou à lui de choisir son futur époux parmi ces prétendants ou de n’en choisir aucun." Comme dans Fish and chips (1971), le film de Damien O’Donnell : un père pakistanais vivant en Angleterre contraint ses fils à rencontrer les filles de son ami M. Shah. Le refus des fils est très mal accueilli par les deux pères et aucune union n’est célébrée. Enfin, pas tout à fait d’après ce que nous explique Mme Gurm. Premièrement, le mariage est une institution sacrée pour une famille indienne. Deuxièmement, la marge de manoeuvre reste très limitée en matière d’union. Libre à l’enfant de choisir sa promise ou son promis dans la mesure où celui-ci ou celle-ci appartient à la même religion et à la même caste. La marge de manoeuvre est pour le moins réduite. Sans compter que le (la) futur(e) époux(se) doit apporter des gages de prospérité économique (travail, dot).

Dans la communauté pakistanaise, la mariage se passe en famille
_Quelle différence alors avec un mariage forcé ? Un mariage est dit forcé quand l’une des deux personnes concernées refuse l’union et que la famille a recours à la violence pour forcer le consentement. Exemple type : une jeune Anglaise d’origine pakistanaise part au Pakistan pour rendre visite à une grand-mère prétendûment souffrante. Arrivée là-bas, elle est séquestrée jusqu’à son mariage avec un homme plus âgé qu’elle n’a jamais rencontré auparavant. Dans ce cas de figure, la famille de la future mariée lui confisque ses papiers d’identité et son argent, et lui interdit l’usage du téléphone ou d’Internet. De telles pratiques ont cours parmi les communautés d’Asie, mais aussi du grand Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, Soudan), d’Afrique subsaharienne, de Turquie. Les mariages forcés sont plus fréquents à l’intérieur de la communauté pakistanaise, de confession musulmane, que parmi les Britanniques d’origine sikhs ou hindus. Déguisées en mariages d’amour, le nombre de ces unions est difficile à estimer au Royaume-Uni : la loi britannique n’interdit pas le mariage forcé.
L’époux pakistanais fait presque systématiquement partie de la famille. C’est un cousin germain ou éloigné, un beau-frère, un oncle. En se limitant au cercle familial, les parents donnent leur fille à un homme qu’ils connaissent et obtiennent la garantir que l’argent de la dot restera dans la famille. Quel que soit le mari ou l’épouse choisi(e), les parents sont convaincus d’agir pour le bien de leur enfant, d’où la souffrance et l’incompréhension mutuelles en cas de refus. Après tout, un époux choisi selon des critères aussi rationnels que la nationalité, la classe sociale, la religion, le confort, l’intelligence et la beauté n’est pas nécessairement un plus mauvais mari qu’un homme désigné au hasard par des battements de cœur en saccades et des joues empourprées.
Extrait d'un site indien

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